J’aurais dû m’écouter…

J’aurais dû m’écouter…

2021-10-08 1 Par Brigitte Harouni

Que vos choix soient le reflet de vos espoirs et non de vos peurs.

Nelson Mandela

Avec l’ouverture des inscriptions aux pèlerinages 2022, plusieurs personnes se sentent actuellement tiraillées, en quête d’une décision. L’annonce est venue séduire quelque chose en eux. Une vibration s’est fait sentir. Un appel, qui ne vient pas de la raison, a résonné en eux. Comme l’aimant qui agite l’aiguille du compas pour indiquer le nord, il y a cette voix qui a surgi pour exprimer un désir, un désir qui bien que parfois connu, demeure souvent diffus. C’est ce cri qui alerte le pèlerin et l’incite à s’arrêter, conscient qu’un choix semble se présenter à lui.  

Ce message, souvent d’ordre émotif, est automatiquement pris en charge par une partie plus rationnelle de notre être. La demande est entendue, mais elle devra passer au conseil de la bonne conscience interne. Ce désir se retrouve alors confronté aux obligations, aux peurs et aux « qu’en dira-t-on ». Il tente de contrecarrer les arguments qui cherchent à le faire taire. Mais la raison a beaucoup d’expérience et de vécu. Elle sait articuler sa pensée et en débattre. Le désir, bien que profond de vérité, manque de mots pour se faire comprendre. Il ne s’explique pas. Le combat qui s’ensuit entre ces deux instances est bien difficile à suivre, car les deux ne parlent pas le même langage.

Des motions intérieures, nous en vivons régulièrement, je dirais même, quotidiennement. Tellement qu’on ne prend parfois plus le temps de les questionner. Caprice, lubie, petite folie, nous avons tôt fait de les classer ou de les tasser sans chercher à les comprendre. Comment est-ce que je prends mes décisions? Quels critères ont assurément du poids dans la balance de mon juge? Certaines décisions se font rapidement, ou de façon machinale, sans qu’aucun débat intérieur ne soit soulevé, alors qu’il serait peut-être nécessaire de le faire. Et d’autres nous torturent, nous tenant éveillés durant la nuit, alors que la décision nous est criante. Comment savoir si ma décision sera la bonne? Quelle est cette aiguille sensible qui m’aide à maintenir le cap à travers les méandres de ma vie?

Si l’esprit est tourmenté par le désir, la pression de faire un choix se fait sentir. Choisir sous-entend inévitablement une dualité. Lorsque le choix est difficile, un combat intérieur se joue. Deux forces s’affrontent. Chacune fait entendre sa voix. Et tant que la bonne décision ne sera pas prise, la bonne pour soi, ce dossier conflictuel reviendra inlassablement sur le bureau de notre conseil pour qu’il écoute à nouveau et identifie la vérité qui cherche à se dire.

Lorsque notre décision est prise, il nous arrive parfois de regretter et de dire : « J’aurais dû m’écouter! »

Qu’est-ce que je fais quand je m’écoute? Qu’est-ce que j’écoute? Et qui est cet autre que j’ai donc choisi d’écouter?

On dit bien souvent que le choix nous appartient, car ultimement, c’est nous qui prenons la décision. Malgré cela, nous portons en nous tout un bagage de vie et d’expérience qui vient alourdir le processus décisionnel. Le travail de discernement de notre équipe de conseillers internes ne se fait pas sans interférence! Autour de cette table se retrouvent bien des figures influentes de notre vie. Leur regard, leur enseignement, la relation qui nous unit, brouillent et briment notre capacité à être pleinement libre de choisir.

Dans tout ce brouhaha, comme le pèlerin désorienté, il fait bon s’arrêter et se donner du temps. Un temps pour entendre ce que chaque partie exprime. Un temps pour goûter chacune des propositions. Qu’est-ce qui me fait envie? De quoi ai-je le goût? Un temps de franchise et de vérité envers soi-même qui invite à prendre une décision qui sera porteuse d’un sentiment de satisfaction et de paix intérieure.  

Brigitte Harouni