De touriste à pèlerine

De touriste à pèlerine

2021-09-10 0 Par Brigitte Harouni

« La marche pèlerine, c’est comme un petit virus… Il ne s’attaque qu’aux personnes qui veulent bien le recevoir. »

Ginette

La première fois que je suis allée aux Îles-de-la-Madeleine, j’étais touriste. Voyageant à vélo avec un minimum d’équipement, je sillonnais les chemins avec émerveillement. Je me suis gavée de beaux paysages hauts en couleur, rassasiée de plats goûteux aux saveurs des îles et je me suis laissé bercer au son du vent, des vagues et de l’accent des Madelinots. Je suis revenue chez moi, remplie de souvenirs, avec mille photos à montrer. Repue! Déjà, sur mon retour, je planifiais ma prochaine escapade à la découverte d’un autre joli coin de pays.

Ma seconde visite aux Îles fut différente. J’y suis devenue pèlerine. Voyageant encore avec un bagage rudimentaire, j’étais à pied. En cheminant sur les Sentiers entre Vents et Marées, j’ai découvert les iles sous un angle nouveau. En suivant les petites flèches jaunes tracées par un groupe de Madelinots, c’était comme si je marchais dans leurs pas. Sans être présents, ils ont guidé mon regard sur les beautés naturelles des Îles. Ils m’ont permis, durant cette parenthèse de voyage, de baigner dans leur réalité quotidienne, de partager un court instant leur environnement de vie. Ils m’ont conduite à la rencontre de ceux qui font la richesse des lieux par leur générosité, leur authenticité, leur créativité et leur joie de vivre. J’ai pris le temps de parler avec chacun d’eux. Une relation s’est établie. Un lien s’est tissé. Je me suis laissé toucher. Cette fois-là, j’ai quitté les Îles avec un gros pincement au cœur et les yeux rougis. J’avais encore pris bien des photos, mais aucune ne pourra jamais refléter avec justesse ce que je venais de vivre avec les personnes rencontrées.

Mon voyage, ma marche est devenue pèlerinage. Ce n’était plus un déplacement touristique centré sur moi, sur mes envies ou mes besoins, mais un espace de rencontre tourné vers l’autre, porté par le désir d’accueillir et de contribuer au plus grand bien commun. De simple cliente qui s’attend à recevoir, j’ai senti naitre en moi un élan de gratitude pour toutes ces personnes qui illuminaient ma route en étant simplement elles-mêmes. Malgré les vents et les marées que la vie leur apporte chaque jour, et encore davantage en ces temps postpandémiques, leur cœur demeure à l’écoute. Durant ce voyage j’ai vu de la solidarité, du partage, de la passion, et du plaisir dans la tempête! Une belle leçon de vie!

Je crois que je ne suis jamais pleinement revenue des Îles! Voilà maintenant cinq étés que j’y retourne marcher les Sentiers entre Vents en Marées. Dès que je pose le pied sur le traversier, j’ai le sentiment d’aller retrouver de la famille. Au-delà des falaises rouges, des plages de sable blanc et des maisons colorées, il y a les gens. Ce sont eux qui donnent toutes leurs vraies couleurs aux Îles!

Brigitte Harouni