La diversité pèlerine

La diversité pèlerine

2021-06-16 1 Par Brigitte et Eric

Dès demain, Bottes et Vélo entreprendra un pèlerinage à vélo à travers tout le sud de la province. Pendant ce périple, nous vous proposerons des capsules vidéo cherchant à réfléchir sur la diversité pèlerine. La conception du pèlerinage ayant évolué au cours des dernières décennies, l’expérience pèlerine semble se manifester de manière inusitée en dépassant le lieu, les bottes et le sac à dos. Allons à sa rencontre!

Les gens cherchent sans relâche une « ville du bonheur » – sans se rendre compte qu’elle ne pouvait être trouvée que dans un « état d’esprit ».

Rabbi Avraham Pam

Le téléphone que nous connaissons aujourd’hui a bien changé depuis l’époque de nos grands-parents. Mais quelle que soit sa forme, on lui a permis de conserver son nom d’origine. Le mot « téléphone » a traversé le temps. On lui a simplement ajouté un qualificatif pour le spécifier : manuel, automatique, mobile, cellulaire…

Il en va de même pour la voiture. Si les premières étaient tirées par des chevaux, elles ont rapidement été dépassées par le moteur à vapeur, celui à explosion, puis le moteur électrique. De nos jours, une voiture comprend des conforts qui n’existaient pas autrefois. Et malgré toutes ces modifications, on continue d’utiliser le mot « voiture ». Ainsi, ici encore, on a su préserver le nom de l’objet, lui apposant au besoin un groupe de mots pour préciser le type de voiture : familiale, sport, décapotable, de course…

Alors qu’en est-il du mot pèlerinage?

Les premiers pèlerinages remontent à la préhistoire. Des pèlerinages avaient également lieu durant la Grèce Antique et durant l’époque Romaine. Inévitablement, le pèlerinage a connu bien des transformations depuis ces temps-là! Le pèlerinage des anciens temps diffère en plusieurs points de celui des années 2000. À travers les années, des pèlerinages se sont faits en bateau, à pied, à cheval, vers des grottes, des cathédrales, des lieux saints, mais aussi en voiture, en autobus, à vélo, dans les pas de personnages célèbres, sur la tombe de personnalités marquantes, sur des chemins historiques. Limiter le pèlerinage à son caractère religieux serait l’enfermer dans le temps, le freiner alors qu’il est mouvement. Ainsi, malgré les multiples modifications, tout comme pour le téléphone et la voiture, certains aspects demeurent, qui permettent de qualifier l’expérience de « pèlerinage ». Cette pratique a voyagé avec le temps et cherche encore à rendre compte d’une expérience vécue.

De tous les temps, le pèlerinage a consisté en un grand déplacement physique, un voyage vers un lieu précis, une destination choisie pour sa signification. Pour reprendre les mots d’Alan Morinis, tout déplacement en quête d’un idéal est un pèlerinage. Le pèlerinage est ce que vit la personne, une certaine expérience du déplacement, du voyage, intérieur ou autre. Il est cette expérience transformatrice puisée à même l’exercice.

Alors lorsque l’on parle de marche de longue durée ou de marche pèlerine, nous sommes en train de qualifier un type de marche, de dire ce qu’elle fait vivre. Il en va de même lorsqu’on parle de marche afghane ou de marche nordique, de marche rapide, ou de marche de plaisance. Nulle mention ici de l’expérience vécue. Et pourtant, c’est bien là tout l’attrait! L’envoûtement des chemins de Compostelle est dans l’expérience. Bien plus qu’une simple marche, il y a ce « je-ne-sais-quoi » qui vient toucher l’âme de celui ou celle qui s’y adonne. Il est là le pèlerinage! Et il est bien plus que la seule marche.

Le pèlerinage étant une expérience de cheminement, les formes qu’il peut revêtir sont multiples. Selon Alun D. Morgan, on appelle pèlerinage toute pratique favorisant la croissance intérieure, toute pratique mise en place dans l’espoir d’un changement améliorant la qualité de la vie. Or, quelle que soit la pratique utilisée, celle-ci implique inévitablement la répétition d’un exercice. Conséquemment, la pratique d’un exercice (musculation, piano, yoga) est transformatrice et sous-entend une durée dans le temps. L’exercice n’opère pas de manière instantanée.

Le pèlerinage est donc un espace d’apprentissage en soi, un voyage transformateur qui invite la personne à revisiter son chemin de vie afin de lui donner une orientation qui lui soit plus ajustée. Pour favoriser le développement de cet art de vivre en cohérence, Alun D. Morgan propose les éléments suivants qui, selon lui, constituent un contexte favorable aux apprentissages transformateurs :

  1. Un lieu inspirant.
  2. Le contact avec la nature.
  3. Le dialogue interculturel.
  4. Des interactions favorisant l’esprit communautaire.
  5. Des opportunités de solitudes.
  6. Des opportunités de services et d’entraide

La pomme, qu’elle soit rouge ou jaune, grosse, ou petite, juteuse ou pâteuse, demeure une pomme. Ce qui fait la pomme c’est son goût. Alors, la seule vraie façon de la reconnaitre, est d’y goûter. Seul celui qui goûte saura l’identifier. Le pèlerinage n’est pas dans les bottes, le sac, le vélo, la cathédrale, ni sous le soleil d’Espagne. Vous seul pouvez le trouver.

Alors, qu’avez-vous vécu durant votre grand déplacement? Qu’est-ce qui a laissé une trace, vous a transformé, vous a amené à porter un nouveau regard sur votre vie? Dans quoi avez-vous croqué pour trouver ce bon goût?

Au cours des prochaines semaines, que vous soyez de Québec, St-Georges, Mégantic, Magog, Frelishburg, Montréal, Gatineau, St-Jérôme ou Trois-Rivières, venez nous raconter votre pèleriné!

Brigitte Harouni et Éric Laliberté