Aucun monopole pèlerin possible!

Aucun monopole pèlerin possible!

2019-03-10 0 Par Brigitte et Eric

Compostelle offre aujourd’hui une multitude de services pour soutenir le pèlerin dans sa démarche. Que ce soit pour le transport de bagages, par des navettes sur la route, des hébergements de toutes catégories, des agences touristiques planifiant les parcours, des groupes de marche organisés, etc. Même des réseaux alimentaires sont organisés sur le chemin qui pour ceux qui sont végans ou végétariens. Le chemin est devenu très accessible et sait répondre aux besoins du pèlerin. Il offre même une panoplie de guides et d’applications qui permettent à chacun de vivre l’expérience selon son bon désir. Ces services, ce sont les pèlerins qui les réclament. Et la multiplicité de ceux-ci fait en sorte de répartir l’offre. Aucun monopole n’est ainsi autorisé! Personne n’est propriétaire du chemin ou n’a l’exclusivité des services sur celui-ci. Il en va de même au Québec, comme partout ailleurs!

De la mésinformation. Actuellement les chemins de pèlerinage québécois font les frais de mésinformation laissant sous-entendre que certains parcours, empruntant des voies publiques et ralliant des lieux publics, sont la propriété, voir même « propriété intellectuelle », de certains groupes parce qu’ils ont été les premiers à les tracer formellement. Au Québec, et dans bon nombre de pays, ceci est impossible! À moins, bien sûr, que lesdits chemins traversent des terres privées et que routes et chemins appartiennent de droit à un ou des individus. Autrement, le chemin est public, donc accessible en tout sens, à tous.

Si un groupe (OBNL) ou une entreprise organise un séjour de marche sur le Sentier des Appalaches, sur la Route Verte, le tour de l’île-d’Orléans, ou tout autre chemin public, il est en droit de le publiciser, en employant les appellations des lieux et le tracé d’accès public. Et toute offre de service commerciale ou pas, peut le faire également sans discrimination, en utilisant les mêmes appellations et les mêmes chemins publics. Et tout ceci demeure possible, même si nombre de sentiers de randonnée sont entretenus par des bénévoles.

Une appellation publique. Il en va de même si vous êtes le premier à développer un circuit pour aller visiter les chutes du Niagara, ou encore pour marcher un parcours découverte dans le Vieux-Québec, à faire la Route des Vins dans les Cantons-de-l’Est; quiconque voudra faire la même chose que vous pourra le faire. L’appellation du lieu ou de la route sera évidemment la même. Sainte-Anne-de-Beaupré ne changera pas de nom parce qu’on change d’organisateurs. Lorsque quelqu’un utilise un chemin reconnu par tel nom, l’appellation fait autorité pour le désigner, et c’est le nom qui sera employé. Aussi, si quelqu’un organise un groupe pour aller marcher le Kapatakan, ou tout autre chemin du Québec, il peut utiliser le nom pour publiciser l’événement et utiliser les mêmes sentiers. Cela ne fera pas de lui le propriétaire du chemin ou de l’idée du chemin pour autant.

Services privés sur chemins publics. La libre concurrence est autorisée et empêche tout monopole. On appelle cela une « offre de services diversifiée ». Un village peut avoir plus d’un casse-croûte, plus d’un déneigeur, plus d’une station d’essence. Actuellement, un regroupement d’individus travaillent avec détermination pour mettre sur pied le pèlerinage du Tro Breiz. Des bénévoles qui ne compteront pas leurs heures (concertations, balisage, négociations, publicisation…). Tout comme l’équipe des Sentier entre Vents et Marées aux Îles-de-la-Madeleine, ou celle du Kapatakan, et tant d’autres qui ont œuvré fort pour offrir un parcours pèlerin. Mais malgré tout ce travail, le chemin, qui est public, sera libre de servir toute entreprise désireuse de le faire fructifier. L’organisme fondateur continue d’exister et d’offrir ses propres services, mais il ne peut en aucun cas en régenter l’offre de services car le chemin et l’emploi de son appellation sont d’ordre public.

Faire taire la controverse. Aussi, Bottes et Vélo, par ses guides du pèlerin gratuits, veut contribuer à diversifier et élargir l’offre de services aux pèlerins. Il n’a pas pour but d’abolir ou détruire qui que ce soit. Au contraire! Toute offre de services est la bienvenue pour soutenir le pèlerin dans sa démarche. L’intérêt des chemins de pèlerinage se doit d’être d’abord tourné vers les communautés que ces chemins traversent. C’est d’ailleurs ce qui a mobilisé l’équipe du Tro Breiz, le Compostelle breton! Et tous les services qui découleront de ce chemin existeront et seront les bienvenus. Un heureux mariage entre le pèlerin et les communautés qui l’accueillent. Il est là l’esprit du pèlerinage : dans cette flexibilité, cette malléabilité, cet accueil de la nouveauté et de l’étranger. Le pèlerinage est une ouverture sur le monde.

Vous offrez un service pour les groupes sur tel chemin, très bien! Vous offrez un service personnalisé pour le même chemin, merveilleux! Vous offrez un service de guide à l’intention des pèlerins autonomes de ce chemin, tout est parfait! Vous avez une meilleure idée pour ce chemin, encore mieux! Tout chemin public se doit d’être d’accessible selon la demande et aucun monopole n’est autorisé. Aussi, Bottes et Vélo continuera de diffuser ses guides, parce qu’ils répondent à un autre besoin : celui du pèlerin autonome. Bottes et Vélo est là pour démocratiser l’exercice pèlerin, le rendre accessible à tous, et il persistera sur cette voie!

Éric Laliberté et Brigitte Harouni