Mythique Compostelle

2018-06-22 3 Par Éric Laliberté
Voyageur, il n’y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant.
Antonio Machado
Dans une dizaine de jour, nous nous apprêtons à reprendre la route en direction de Santiago. Déjà le Camino Francès nous fait rêver avec ses villages aux routes médiévales, ses vieux ponts et ses cafés bondés en fin de journée.

Mais Compostelle, c’est bien plus que cela! Il y a ces coquelicots qui rougissent les abords de la route. Ces églises aux pierres si fraîches qu’il fait bon s’y arrêter par un jour de canicule. Il y a les tapas, la musique, les bons vins… Il y aussi les soirées entre pèlerins, le rire des pèlerins, le chant des pèlerins, la camaraderie des pèlerins… Mais il y aussi, les gens qui habitent le chemin. Ces gens dont nous traversons la vie, qui nous sourient, nous tendent la main et nous accueillent chaleureusement. Sur les chemins de Compostelle tout nous transporte loin, bien plus loin que le chemin ne semble le faire. Mythique Compostelle, qu’as-tu fait à la modernité?

Si nous nous envolons vers les routes de Compostelle pour une quatrième fois, ce n’est pas pour le simple plaisir de l’exercice, mais bien parce que nous croyons, en ce début de 21e siècle, que Compostelle participe à l’élaboration de nouveaux repères. Au-delà des églises et des traditions, au-delà du lieu, au-delà du sport et des attraits touristiques; au-delà mais aussi avec tout cela, puisque ces éléments contribuent à l’expérience – le Camino ouvre les portes d’une spiritualité qui correspond, en plusieurs points, aux attentes de l’humain ultramoderne.

Espace de la marge, fluide et expérientiel, le modèle Compostelle « permet » et, comme Michel de Certeau l’écrivait, ce qui permet « autorise » et ce qui « autorise » fait donc « autorité ». Mais que permet-il au juste? Qu’espérons-nous trouver, sur ces chemins, que nous ne trouvons pas dans notre demeure? La paix? L’amour? La liberté? La joie de vivre? L’accueil? L’entraide? Un peu de tout cela?

Le chemin n’est qu’un chemin, un lieu sans vie. Il n’autorise rien et ne fait rien de particulier. S’il en était ainsi, nous pourrions dire : « La magie du marteau opère, le clou s’enfonce! » Pourtant, nous savons très bien que le marteau n’est rien sans la main de celui qui le tient. Même chose pour le chemin! Le chemin, comme nous le dit si bien Antonio Machado, n’existe pas. Le chemin se fait en marchant. C’est dans le mouvement que l’esprit du chemin émerge. C’est par le déplacement, mon déplacement, que la magie s’opère. Lorsque je me mets en mouvement, tout mon être bouge et se transforme. C’est parce que le pèlerin chemine que le chemin prend forme.

La grandeur de l’expérience pèlerine est dans ce mouvement. C’est mon inaction que je dois questionner lorsque j’éprouve un mal être. Ma souffrance est souvent le signe qu’il doit y avoir un mouvement, que quelque chose doit changer, et que ce que je suis s’anime lorsque je passe à l’action. Un grand Livre disait : « Car plus que tout mouvement, la Sagesse est mobile. » Soyez sage cet été, bougez!

Éric Laliberté

N.B. : Le blogue Bottes et Vélo fait relâche pour l’été. Nous serons de retour en septembre. Entre temps, nous vous invitons à suivre nos aventures pèlerines sur notre page Facebook.