La Voie du St-Laurent (jour 6): Quand les imprévus prennent le dessus
La vie est comme un arc-en-ciel: il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs. Anonyme
Ce matin, à la télévision, on nous annonçait une « météo-catastrophe » pour tout voyageur à bicyclette: pluie et fortes averses en avant-midi, suivies de grandes probabilités d’orages électriques accompagnés de grêle par endroit en après-midi. Juste à les entendre, on avait le goût de rester coucher pour ne reprendre la route que demain. Mais nous choisissons de prendre la route malgré tout, car nous nous sommes fixés un objectif et nous sommes déterminés à l’atteindre. Les épreuves qui sont sur le chemin font partie de l’aventure. Et bien qu’on les appréhende, elles cachent souvent une richesse insoupçonnée!
Ainsi aujourd’hui, à notre réveil, il pleuvait déjà, mais une petite pluie fine et légère. La seule averse que nous avons eu est tombée exactement pendant que nous profitions d’un bon petit déjeuner. La route étaient agréable. Il faisait frais. Nous filions à belle allure sur une piste généralement très plane. Nous avions de l’avance sur notre horaire! Mais soudain: crevaison! Heureusement, il ne pleut pas. On a même droit à une petite percée de soleil. Éric très habile change rapidement la chambre à air… elle éclate à nouveau! C’est le pneu qui est fendu! Catastrophe! On est au milieu de nulle part, à près de 10km du prochain village. Alors on devient créatif: 4 « patch » + beaucoup de colle + beaucoup de ruban adhésif électrique! Ça tient bon! Éric est fier de son coup! Arrivés au prochain village, on demande à deux hommes qui font des rénovations sur leur maison s’il ne connaîtraient pas une boutique ou un garage vélo. Ils nous en indiquent un qui se trouve dans 20km. On continue donc notre route en prenant le temps de pique-niquer. Il ne pleut plus. L’air est bon et la route longe le lac. On file à un bon rythme quand soudain un pick up s’arrête sur le bord de la route juste devant nous. Un homme en sort et je reconnais un des deux hommes à qui nous avions parlé. Il nous offre d’embarquer nos vélos dans l’arrière du véhicule et de nous conduire à Kingston à une boutique de vélo! Ils avaient remarqué le bricolage d’urgence sur le pneu arrière et avaient des courses à faire en ville. Incroyable! Arrivés dans la boutique de vélo, le propriétaire s’est chargé de remettre en ordre le vélo d’Éric et m’a offert de rajuster le mien pour que la suite de notre voyage se déroule bien.
Une journée qui s’annonçait plutôt pénible s’est finalement transformée en une belle aventure au cours de laquelle nous avons fait des rencontres riches en générosité et en valeurs humaines. Ce sont tous ces gestes d’aide, d’entraide et d’encouragement qui nous donnent foi en l’avenir, qui donnent l’élan qui nous manque parfois le matin en se levant. Tous ces gens qui nous accompagnent sur la route qui font que l’on n’est pas seul pour avancer et qui mettent du soleil dans une journée de grisaille.
Brigitte Harouni
Le pèlerinage est parsemé de ces petits miracles: une percée de soleil au bon moment, une main tendue quand on en a besoin, un incident qui tourne bien. On ne peut faire autrement que de changer notre regard et finalement voir du bon en chaque chose. Avec le temps, la pluie ne rend plus de mauvaise humeur, l’étranger n’effraie plus, l’imprévu devient l’occasion de découvertes, le détour avait quelque chose à nous enseigner…
Éric Laliberté
Souvent la température, la nature, les évènements se mettent au diapason de ce qu’on a à vivre pour poursuivre notre cheminement personnel, voir spirituel. Une tempête de neige, au beau milieu d’une journée froide et pluvieuse à qq km de Saugues, sur le chemin du Puy, m’a permis d’aller au bout de moi-même et de m’ouvrir a la plus belle des amitié, l’an dernier! Autant ce jour là j’ai maugréé contre cette température de merde, autant aujourd’hui je garde un souvenir précieux de cette journée bénie!