La nature en moi
Quand une fleur ne fleurit pas,
on corrige l’environnement dans lequel la fleur pousse,
pas la fleur.
Anonyme
C’est le printemps, la saison des plantations et des transplantations horticoles. Comme plusieurs d’entre vous, je m’active dans mes plates-bandes, cet espace de nature artificiellement aménagé pour répondre à mes désirs d’esthétique, d’agrément et de commodité. Et, comme à chaque année, voyant que certaines plantes n’ont pas poussé tel qu’anticipé, je les déplace dans l’espoir qu’elles seront mieux ailleurs. Ma démarche de transplantation est, cette fois-ci, davantage tournée vers les besoins de la plante. Mon désir est de lui trouver l’emplacement qui lui offrira les conditions optimales nécessaires à son épanouissement. Notre vie n’en est pas bien différente. Nous sommes nous aussi des êtres vivants ayant des besoins à combler pour porter du fruit et fleurir.
Vous arrive-t-il de vous sentir inondé, débordé, en recevant plus que vous ne pouvez en absorber? Avez-vous parfois le sentiment d’être envahi, d’être étouffé par votre entourage? Recevez-vous toute la reconnaissance et la chaleur dont vous avez besoin? Vous sentez-vous vu et apprécié à votre juste valeur? Vous sentez-vous nourri, stimulé à grandir, par l’environnement dans lequel vous êtes établi?
Sur les chemins de longues pérégrinations, nombreux seront ceux qui auront choisi de se déraciner de leur plate-bande quotidienne pour aller découvrir un ailleurs, vivre un autrement, dans l’espoir de trouver mieux ou du moins d’identifier le changement à opérer dans leur environnement de vie. Partir pour mieux revenir et revenir mieux.
Cette plante-ci a besoin du plein soleil, tandis que celle-ci pousse mieux à l’ombre. Celle-ci est trop coincée, elle a besoin de plus d’espace. Ces deux-là se nuisent, je dois les séparer. Celle-ci reçoit beaucoup trop d’eau. Et celle-là aurait besoin d’un tuteur…
Je suis née avec une date d’expiration. Une date butoir que je ne connais pas. Date de remise à laquelle je rendrai l’âme. Jardinière de mon propre champ de vie, il n’appartient qu’à moi d’user de mon temps pour qu’à chaque jour je me rapproche toujours un peu plus de cet environnement fertile qui me permettra de fleurir pleinement. Mais qu’est-ce qui me donne du souffle?
Quelles sont mes aspirations? Qu’est-ce qui m’inspire? Quel fruit je porte en moi? Qu’est-ce que je donne gratuitement autour de moi? Quelle sève coule dans mes veines? De quelle essence suis-je faite?
Chemin faisant, le pèlerin, loin de son environnement initial, expérimente le dérangement et le déplacement intérieur. À travers les douceurs et les souffrances, les joies et les découragements, graduellement, il s’autorise. Au fil des jours, il déploie sa véritable nature, respecte son rythme, affiche sa couleur, donne le meilleur de lui-même. En chemin, il trouve sa place dans cette grande plate-bande pèlerine.
C’est le printemps, la saison des semences et des naissances. Jardinière de mon environnement, je fertilise, désherbe, élague, soigne, protège. Chaque geste, chaque décision, est une graine que je sème qui contribue à confectionner le terreau le plus favorable à mon épanouissement. Bon jardinage à vous!
Brigitte Harouni
Bonjour à vous deux, ton texte me parle beaucoup.
En effet tout au long de mes chemins 8s’est installé en moi, ce besoin de vivre dans mon essence même, sans artifice en toute simplicité.
Pas toujours facile.
Par contre, le temps aidant j’ai poursuivi mon chemin avec confiance modifiant mon parcours si nécessaire en tentant d’éviter les erreurs du passé.
J’ai cru à certains moments que TOUT était enfin « replanté » au bon endroit, mais non!
Il y a toujours des racines qui remontent, lorsqu’on ne s’y attend pas, comme quoique le travail n’est jamais terminé et que je dois continuer à désherber.
Jacqueline
Merci
Brigitte Harouni
pour cette belle analogie
entre le jardinage et nos vies. Bon jardin !
Bonjour,quel beau message ce matin qui me parle au plus haut point……ce qui est difficile c’est quand tu reviens et que tu as décidé de faire des choix de vies et de vivre avec …ça prend un certain temps d’adaptation …..
Bonne journée
Régulièrement quand je vous lis, Brigitte et Éric, je suis vraiment touchée et je veux vous écrire pour vous le dire. Je ne trouve pas les mots (peut-être que je les cherche trop) et je n’écris pas. Certains textes me touchent particulièrement (le dernier d’Éric et celui-ci) … Alors là ! je ne peux pas me taire: vous m’inspirez beaucoup tous les deux et je me trouve très chanceuse de pouvoir avoir accès à vos textes! Comme disent les Italiens: grazie mille!