Chemins de naissances
L’expérience pèlerine travaille le corps, le cœur et l’esprit. À la manière d’un cours d’eau, elle fraye son chemin dans les vallées de nos corps, les met à nus et dessine des sillons sur le visage de notre humanité. Par son élan, elle irrigue les terres du cœur, les fertilise et donne vie à ce qui était en dormance. Dans ce même mouvement, elle réveille les esprits qui, dans l’automatisme du quotidien, ont souvent tendance à s’endormir.
D’une puissance incroyable, le mouvement pèlerin relève de nos effondrements, donne réconfort là où tout était perdu, offre une pause quand tout allait trop vite, rassemble dans nos solitudes. Sur nos fragilités, il redresse avec dignité. Il rassure dans la détresse ou nous confronte à nos arrogances. Tumultueux, avec ses joies, ses peines et ses revirements, il ouvre un espace de vie qui sort de nos culs-de-sac. Traversé par cette expérience sensible, attentif à son langage et à ses tromperies, notre humanité trouve en lui une vie nouvelle.
Pèleriner, en habitant toutes les fibres de notre être, fraye en nous des chemins de vie. Sur ces routes sensitives, la vie accouche d’humains en vérité. Joies, peines, douceurs et douleurs, nous révèlent à nous-même. La vie pèlerine installe de telle manière qu’elle enseigne qu’hors de soi, il y a de l’autre, et que sans cet autre, je ne suis rien. Sans l’autre, il n’y a que du pareil et plus rien ne se distingue.
La vie se sent, se goûte, se perçoit avec tout notre être. Privé de nos sens, la vie n’a plus de sens! Sentir, c’est risqué de vivre, avec tout ce que cela comporte! Car, lorsqu’on sent, s’il arrive que ce soit l’extase, il arrive aussi que ce soit souffrant. On ne s’en privera pas pour autant!
Si certains parfums ravissent les narines, il arrive aussi que ça donne la nausée. Si certaines mélodies transportent, d’autres irritent les oreilles. Si aimer donne force et courage, il arrive aussi que ce même amour foudroie. L’humanité est faite de cette sensibilité qui ne peut que passer par la chair.
Alors que nous nous apprêtons à célébrer Noël, rappelons-nous, au-delà de toutes religions, que cette fête célèbre une humanité pleinement incarnée, pleinement habitée; une humanité sentie et vécue. La fête de Noël invite à se laisser prendre par l’élan de vie qui nous traverse : il donne naissance à de véritables humains! Il sort de nos anesthésies, éveille de nos indifférences. Noël rappelle, par son projet de vie, que l’humain est fait de chair et d’âme, qu’il est un être sensible et que cette sensibilité lui donne à goûter l’invisible. À Noël, célébrons cette sensibilité, c’est elle qui fait de nous des êtres d’exceptions, des êtres vivants!
Joyeux Noël!
Éric Laliberté
Merci Eric!
Très bon de vous lire.
Superbe réflexion ! Merci Éric.
Cette lecture rejoint mon âme pèlerine, avec le véhicule de mon corps, elle tarde à se remettre en chemin; ce texte, inspiré et inspirant, m’y invite. Buen camino à vie, à Brigitte et toi. Léo Guilbert