Qu’est-ce qui vous fait marcher?
On marche tous pour quelque chose. Pour se rendre quelque part. Par souci de santé. Pour se mettre en forme. Pour socialiser. Pour réfléchir. Pour se détendre. Pour visiter un lieu. Il y a toujours une raison à nos pérégrinations. Or, si certains marchent pour militer, d’autres font des kilomètres pour se trouver. Marcher, c’est changer de position : socialement et intérieurement. À chacune de nos marches quelque chose est transformé, du plus banal au plus extraordinaire.
La marche est une pulsion qui déplace. Elle fait avancer ou bien reculer, monter ou descendre. Certains pratiquent la marche du crabe, d’autres serpentent ou vont à cloche-pied. Peu importe comment on l’effectue, ce qui met en marche tend toujours vers un ailleurs meilleur ou promet d’éviter le pire. La marche déplace, conduit vers de nouveaux points de vue, offre de nouveaux horizons, décloisonne, révèle des angles insoupçonnés et pour cela, elle mérite qu’on y porte attention.
Mais qu’est-ce qui nous fait marcher? La faim? L’envie? La curiosité?
On dit bien de quelqu’un qui nous raconte des histoires, qu’il nous fait marcher. Malgré le farfelu de ce qu’il raconte, malgré l’impossible qu’il met en scène, quelque chose nous prend dans ses filets, un doute s’installe, et le désir d’y croire nous incite à poursuivre : « Et si c’était vrai? ».
C’est plus fort que nous, le désir de croire est le moteur de plusieurs de nos pas. En cela nous passons notre temps à croire. Parfois cette foi demande bien peu : si je marche vers l’épicerie, c’est que je crois pouvoir y trouver quelque chose pour me nourrir et il y a fort à parier que ma croyance va se réaliser. Cependant, en certains moments, le croire de mes pas exige davantage : croire dans mes capacités à réaliser un projet, croire que je retrouverai mon chemin quand je me suis égaré, croire que la maladie passera, croire que je me remettrai de cette peine, croire que la guerre passera… Car on croit aussi dans des systèmes politiques, économiques ou religieux. Non sans raison, mais toujours parce qu’on espère mieux. Voter, c’est croire.
Ainsi, quand ça va mal, l’humain a besoin de croire que les choses peuvent s’arranger.
Nos routes étant souvent faites d’embûches, aspirer à mieux, à de meilleurs conditions de vie, est donc naturel. L’être humain sain, qui n’a pas perdu ses moyens, ne demeure pas immobile face au malheur et à la détresse. Face aux ennuies et aux souffrances, il se mobilise et se met en marche vers cette destination qui rétablira la joie dans sa vie. Il n’y a rien de pire que la fatalité pour abattre tout envie de marcher. Croire en des jours meilleurs est donc signe de santé et parfois il faut partager notre croyance pour rallumer la flamme qui vacille chez notre voisin, lui redonner la force de marcher.
Le désir de croire fait ainsi non seulement marcher, mais il donne du courage et de la vigueur à nos pas. Il permet d’avancer avec la conviction profonde qu’elle existe bien cette destination prometteuse. Elle prendra alors diverses formes: oasis de paix, temps de réconfort, retrouvailles, assurance, confiance, main tendue, repas partagé, etc. Une chose est certaine, vous la reconnaitrez lorsque vous y arriverez. C’était pour cela que vous marchiez!
Marcher permet de croire, croire qu’il y a du bon à l’horizon de chaque chemin.
Éric Laliberté
C’est tellement bien dit et il y a bcp de vérité dans ce texte. C’est un peu comme un élan qu’étui nous donne, merci!
Merci Eric ! « croire qu’il y a du bon à l’horizon de chaque chemin »