Hors de ses bottines, point de salut!
L’adage amérindien dit bien que pour connaitre quelqu’un il faut avoir marché deux lunes dans ses mocassins. Deux lunes, c’est le temps d’un pèlerinage! Le temps nécessaire pour se connaitre et marcher seul avec soi-même. Marcher dans ses bottines, quoi! Parce qu’on le sait bien : il nous arrive tous d’être à côté de nos bottines…
Partir en pèlerinage impose de partir, de quitter ce qui était familier et d’entrer dans cet espace qui vient relativiser ce que je tenais pour acquis. La mise en route offre un temps pour s’observer et constater l’écart qui s’est parfois creusé entre ce que je suis devenu et ce que je suis appelé à vivre. Une question surgit alors, une question qui ne nous viendrait pas à l’esprit dans le quotidien de la vie : ces bottines sont-elles les miennes? Aurais-je marché tout ce temps à côté de mes « pompes », dans les bottines d’un autre?
Trouver chaussure à son pied n’est pas si évident! On le sait trop bien : une chaussure mal ajustée fait souffrir, soit parce qu’elle est trop serrée, soit parce qu’elle est trop grande, soit parce qu’elle est usée ou qu’elle n’est pas « cassée ». L’inconfort qui en résulte peut alors nous malmener! Aussi, prendre le temps de considérer le confort de mes chaussures de vie peut-il m’en apprendre long sur l’horizon de ma vie.
Quand j’habite mes souliers, une aisance s’installe. Plusieurs diront même que c’est comme mettre des pantoufles! Je peux marcher des heures, éprouver de la fatigue, avoir les muscles endoloris, les pieds fatiguées, mes bottines ne me font pas souffrir. Elles épousent la forme de mes pieds. Elles sont faites pour moi. C’est la bonne pointure et elles correspondent à ce qu’il me faut pour avancer dans la vie. Alors que porter les souliers d’un autre m’appelle hors de moi-même, mes bottines me permettent d’avancer sur mon chemin de vie.
Hors de ses bottines, point de salut!
Marcher dans ses bottines impose d’avoir le courage de les habiter pleinement, de marcher en phase avec elles; ceci en se laissant conduire par une écoute minutieuse des signes qu’elles manifestent dans le corps. Car marcher dans ses souliers se ressent dans la chair! Chaque signes, qu’il s’agisse d’ampoules physiques ou psychiques, révèlent quand la chaussure est ajustée ou non. Aussi, imposer ses bottines à quelqu’un d’autres n’est pas une solution! Il faut résister à la tentation de l’uniformité, tout comme il faut résister aussi à ces chaussures que l’on voudra nous imposer. Les chaussures les mieux adaptées sont celles qui ont un goût de liberté. À chacun ses souliers!
Éric Laliberté
Merci Éric!
Réflexion bien à propos avant de se remettre en chemin.
Merci Éric pour cette réflexion ficelée, et même bien lacée. Un texte très évocateur et si bien illustré du défi auquel nous convie la marche pèlerine, s’habiter de la tête aux pieds, en passant par le cœur pour habiter avec légèreté cette précieuse liberté intérieure qui fait notre bonheur.