Inch’Allah

Inch’Allah

2020-03-13 0 Par Brigitte Harouni

Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s’inquiéter. Mais s’il n’en a pas, alors s’inquiéter ne change rien.

Proverbe tibétain

Guerres, inondations, accidents, ouragans, terrorisme, maladies, … chaque jour, on nous dépeint le monde dans lequel nous évoluons comme un univers dangereux et instable. Peur, anxiété, angoisse prennent de l’ampleur. Contrôler apparait comme le remède pour prévenir cette souffrance. Alors on contrôle tout. On planifie. On anticipe. On prévient. On prévoit, encadre, dirige, supervise, valide… tout, pour tout, tout le temps!

L’homme a cette arrogance, cette prétention de vouloir maitriser son environnement. Il érige des digues pour retenir les crues, des murs pour arrêter le son, des barrages pour contrôler le débit d’eau, des insecticides et des pesticides pour encadrer la nature, des inséminations pour gérer les naissances et les espèces. Il crée des vaccins pour enrayer la maladie, des appareils pour prédire les tsunamis, et des applications de tout genre pour améliorer sa vie.

Ce besoin de dominer toute situation n’est que l’écho de ses faiblesses. Conscient de la fragilité de sa condition humaine et de la finitude de son existence, il cherche à se protéger. La peur de souffrir, la peur de mourir, l’incitent à poser des actions pour tendre le plus possible vers le risque zéro. Port d’un casque pour toute activité, interdiction de toucher un bébé, surcharge de signalisation routière, excès de réservations hâtives, abondance de mesures sanitaires préventives, surcontrôle dans les aéroports, procédurites administratives aigües … Toutes des illusions de contrôle qui obscurcissent le jugement et étouffent la spontanéité de la vie.

Ceux qui n’adoptent pas les comportements protecteurs valorisés sont rapidement jugés, perçus comme nonchalants, négligents, imprudents ou je-m’en-foutistes. Le pèlerin n’échappe pas à cette réalité. Tiraillé entre ses anciennes pratiques de vie contrôlantes et son nouveau mode de vie aventureux, il tend à trouver un champ d’actions qui sache répondre à ses besoins sans trop nourrir ses peurs. Et ce qu’il découvre en chemin, contrairement à la réalité sociale individualiste qu’il a quittée, c’est l’importance du tissu humain qui l’entoure. Il réalise que sur sa route, il est rarement isolé. Alors, malgré la multitude d’imprévus et d’impondérables, nul besoin d’hyper-contrôle. Il trouve une infinité de ressources et de solutions qui émanent de la communauté du chemin. Il apprend alors à faire confiance.  

« Toucher du bois », « se croiser les doigts », et tout récemment « envoyer une demande à l’univers », sont autant d’expressions venant signifier notre croyance en cette collaboration intangible qui donne foi en l’avenir. Car tout ne peut être contrôlé. Croire, c’est se permettre de lâcher-prise, faire cesser la tourmente mentale qui rugit intérieurement et ronge tout l’être, sachant que notre contrôle et notre responsabilité a ses limites. Alors agissons au mieux de notre connaissance et « Advienne que pourra »!

Inch’Allah, à la grâce de Dieu, parole de sagesse qui invite au discernement. Dire « inch’allah », c’est accepter de faire confiance en s’en remettant à plus grand que soi. Non pas avec un sentiment de fatalité résignée, mais avec foi! N’ayant de réel pouvoir que sur le présent, c’est en étant à l’écoute de ce qui est ici-maintenant, en regard des informations, de la situation, des émotions, et en se laissant guider par l’espoir d’un meilleur, qu’on saura agir pour le plus grand bien commun. Et pour la suite, alors « inch’Allah »!

Brigitte Harouni