Temps de silence

Quand vous priez Dieu, que lui dites-vous? – Je ne dis rien. J’écoute.

Et qu’est-ce que Dieu vous raconte? – Il ne dit rien. Il écoute.

Mère Teresa en réponse à un journaliste

Le silence est cette grande page blanche sur laquelle s’agitent les notes de musique. Ces notes sont autant de couleurs qui viennent animer ma vie. Elles lui donnent du rythme. Tantôt folles, elles la font valser, danser ou courir. Tantôt lentes et langoureuses, elles font pleuvoir dans mon cœur, embrument mes yeux ou grisaillent mon esprit. Mais peu importe la musique, le silence est toujours présent. Pause, demi-pause et soupirs de tous genres accompagnent la course des notes sur la portée. Ils me permettent de reprendre mon souffle et aussi, de prendre le temps de lire la partition.

Toutes notre vie est une chaine infinie de notes. Aller à l’épicerie, faire le souper, plier la brassée de lavage, aller au garage, préparer la réunion, courir pour attraper son autobus…. ouf! Ma tête est constamment en train de penser. Même pendant mes vacances, je suis à parler de mes prochaines vacances, des dossiers qui m’attendent à mon retour, des obligations qui s’accumulent. Pendant le déjeuner, je me demande ce que je ferai pour le souper. Je recalcule la logistique de mes déplacements pour rendre efficace mon retour du travail en fin de journée. Au travail, le tourbillon incessant de pensées siffle dans ma tête. Je fais mille choses à la fois et j’en oublie de manger. C’est là que ma vie a besoin de silence!

Nous avons l’habitude d’accumuler nos silences pour les mettre tous en tas au bout de la portée. Le petit vin de fin de soirée. L’escapade de fin de semaine. Les belles vacances cet été. Cela donne une drôle de mélodie à nos vie. Qui plus est, une mélodie essoufflante à jouer. Des temps de silence, nous devrions en mettre un peu tout le temps, au gré de la musique de la journée. Il existe des silences de différentes durées. À vous de voir celui qui convient le mieux pour l’air que vous voulez jouer. Aller marcher sur l’heure du diner. Sortir de son bureau se faire une tasse de café. S’étirer et regarder par la fenêtre entre deux courriels. Respirer une grande gorgée d’air frais en sortant de la maison. Fermer les yeux et relâcher les épaules. Caresser mon chat. Regarder mon chien courir de plaisir. M’asseoir sur un banc de parc. Apprécier l’innocence de jeune enfant. Rire et sourire.

Ces temps d’arrêt sont autant de pauses nécessaires pour oxygéner ma vie. Détendre ma tête qui surchauffe parfois un peu trop. Ralentir le régime de mon moteur pour profiter du moment. Goûter pleinement un bon moment qui ne reviendra pas. Un temps, si court soit-il, durant lequel je ne pense plus à rien. Un vide qui fait du bien, qui regénère ma batterie, me donne l’élan pour attaquer mon envolée musicale, me donne le recul nécessaire pour apprécier le morceau à venir.

Avec le printemps qui commence à faire chanter nos cœur, prenez le temps, prenez du temps. Mettez des temps de silence sur votre portée pour que votre musique fasse danser votre vie!

Brigitte Harouni