Mise en garde : risque de déplacement intérieur!
Toute marche est une marche spirituelle.
Sagesse Celte
Nous vivons dans un monde organisé et structuré où tout se doit d’être prévu et planifié. Même nos vacances n’y échappent pas. Quoi que nous entreprenions, nous aimons l’anticiper et avoir une longueur d’avance pour nous assurer que l’expérience sera bien vécue. Ainsi, plusieurs personnes qui se préparent à vivre un pèlerinage se demandent fréquemment s’il est essentiel de se préparer avant de partir.
Il va de soi qu’un minimum d’organisation au niveau du matériel à apporter et de l’équipement à se procurer est un incontournable. Et nous savons tous qu’il est fortement conseillé d’avoir marché et usé sur quelques kilomètres toute nouvelle paire de souliers ou de bottes. Tout comme il est bon d’avoir marché avec notre sac à dos pour en avoir trouvé l’ajustement qui se marie le mieux à notre corps.
La question n’est donc pas à ce niveau. Souvent, le futur pèlerin s’inquiète plutôt de l’effort physique que cette longue marche va exiger. Il se demande donc s’il est nécessaire de commencer un entrainement quelques mois ou semaines avant le grand jour. Chez Bottes et Vélo, nous pensons que si la personne n’a pas de problématique de santé particulière, l’entrainement n’est pas une obligation. La forme physique se développera graduellement à chaque pas et à chaque jour que fera le pèlerin sur le chemin. Le pèlerinage n’est pas une course, ni même une recherche de performance physique. C’est une longue pause dans le temps qu’une personne s’offre à elle-même, un voyage au sens exact du terme, au bout duquel elle reviendra différente, transformée par l’alchimie de la marche.
S’il est une préparation que le futur pèlerin devrait avoir, elle ne devrait pas se situer au niveau physique, mais au niveau psychique. Avant de partir, plusieurs parents et amis questionnent celui qui part en pèlerinage. Pourquoi à pied? Pourquoi voyager aussi rudimentairement? Aussi longtemps? Ainsi, entamer une ébauche de réponse, commencer la réflexion, creuser en soi pour prendre conscience de ce qui nous appelle et nous attire dans cette expérience; identifier le mieux possible nos attentes et les fruits que nous souhaitons cueillir et rapporter au terme de ce voyage; sont des étapes fondamentales de préparation à un pèlerinage.
Notre quotidien est parsemé de panneaux avertisseurs : « peut contenir des traces d’arachides », « attention chaussée glissante », « chute de glace! ». S’il est une mise en garde à donner au futur pèlerin pour l’aider à se préparer à sa longue marche, ce serait : « attention, risque de déplacement intérieur ». Autant vous aurez à regarder où vous posez le pied, autant vous devrez être attentif à ce qui se vit en vous, à ce que votre corps, votre façon d’agir et de réagir, vous dit. En marchant, vous allez très certainement ressentir diverses émotions psychophysiologiques qui risquent de donner de nouvelles dimensions à votre existence.
Le pèlerin averti n’est pas celui qui a l’équipement révolutionnaire le plus léger, ni celui qui dévore les kilomètres dans un temps record sans se blesser. Le pèlerin averti est celui qui a compris qu’en plus d’améliorer sa condition physique, cette très longue marche est une rupture spatio-temporelle, matérielle et spirituelle, qu’il s’offre pour voir plus clair sur sa route de vie.
Brigitte Harouni
Merci pour cet article, moi qui est en préparation pour le chemin de Compostelle, cela me fait du bien de vous lire…. je ne suis pas encore rendue à cette dimension dans mes préparatifs…. l’aurais-je été ?? Vous me donner de quoi réfléchir…merci !!
Danièle