La boussole du pèlerin
« Je n’ai pas choisi
C’est ni le besoin, ni l’envie
J’ai cette force au fond de moi
Qui me porte vers toi. »
Michel Sardou
Ces paroles sont tirées d’une chanson de Michel Sardou. Elle s’intitule Loin. Loin en temps? Loin en distance? Peu importe. C’est ce vers quoi il tend, il se sent appelé. C’est une pulsion intérieure, une attraction qui le dépasse. Comme l’aiguille de la boussole qui pointe vers le nord. Comme le saumon qui remonte la rivière pour aller frayer. Comme la petite tortue à peine sortie de l’œuf qui se dirige courageusement vers la mer ou l’oisillon qui se lance du haut du nid pour déployer pour la toute première fois ses ailes. Cette chanson parle de cet élan intérieur qui nous habite et nous aiguille sur notre route de vie. Elle nous dirige immanquablement vers ce qui nous fait vibrer, vers ce qui donne bon goût à notre vie.
Pour certains, c’est la musique. Pour d’autres, le jardinage, la moto, le vélo, la danse, la photo. Pour le pèlerin, c’est l’appel du sanctuaire. Ce point d’arrivée, cette finalité qu’il s’est fixée sans savoir pourquoi il s’y rend et qui pourtant l’attire et l’incite à avancer. Il s’y rend à pied. Ses parents et amis ne comprennent pas sa démarche. Pourquoi partir si longtemps? Pourquoi se donner tant de misère? Pourquoi marcher tous ces kilomètres? Mais pour le pèlerin, il y a cette voix intérieure qui lui dit que c’est sa route; que ce pèlerinage, cette longue marche, il doit la vivre car elle est un pas de plus vers cet avenir qu’il désire concrétiser mais qu’il n’a pas encore défini. Tout comme le pèlerin qui trouvera sa réponse en allant vers le sanctuaire, cet édifice religieux, le pèlerin de vie découvrira le sien à travers sa passion.
Nous avons tous un jour dit : « Je ne sais pas pourquoi j’aime ça, mais j’aime ça. Ça me fait du bien; Ça me défoule; Ou encore : Ça me détend… ». C’est à ce « je ne sais pas pourquoi » qu’il faut s’attarder. Sans le comprendre, il faut savoir le ressentir, l’identifier et l’écouter. Comme le pèlerin qui chaque jour fait un pas de plus, pour se rapprocher de son sanctuaire, le pèlerin de vie qui écoute son élan intérieur pose quotidiennement des actions qui le rapprocheront de son sanctuaire de vie; cet espace dans lequel il s’épanouit et se réalise, cet espace qui donne un sens à sa vie. Comme le sanctuaire du pèlerin, le sanctuaire de vie que nous chérissons est loin. Il faudra du temps, de la confiance et de la persévérance pour l’atteindre.
Plusieurs personnalités connues et admirées ne sont généralement pas des êtres d’exception. Ce sont bien souvent des personnes comme vous et moi qui sont allées au bout de leurs rêves, qui ont fait preuve de conviction, de détermination et de foi. Il n’est pas question de talent, ni de réalisation extraordinaire et inédite. Il est question de suivre pleinement la voie/voix qui nous appelle et qui fait écho en nous. Ne perdez pas le nord, … vous pourriez vous perdre! Consultez votre boussole intérieure, elle sait où aller!
Brigitte Harouni