La musique du chemin
« La vie est trop courte pour qu’on se dispute. »
Baden Powell
La Saint-Valentin, c’est la fête des amoureux, mais aussi celle de l’amour. Cette fête que notre monde moderne dénature et rend de plus en plus commerciale, nous rappelle pourtant l’importance que les autres jouent dans notre vie. Elle est ce temps d’arrêt dans le calendrier qui met en évidence le rapport que nous entretenons avec ceux qui nous entourent.
Sur sa route, le pèlerin vit de longs moments de calme et de solitude. Il profite de ces moments pour vivre chaque seconde qui passe à travers ses sens. Il laisse l’extérieur se marier à ses pensées. Il découvre qui il est, ce qu’il
aime, ce qui le fait vibrer. Puis, immanquablement, dans sa journée, il entre en relation avec ceux qui croisent sa route. Parfois pour le plaisir du contact, un « bonjour » souriant qui fera sourire l’autre, un brin de jasette sympathique avec un habitant curieux du coin, une conversation en partageant un repas avec une connaissance de passage; parfois par nécessité, pour demander sa route, demander le gite ou le repas, pour avoir de l’aide ou en offrir. Ces rencontres sont souvent savoureuses et source de souvenirs cocasses ou mémorables. Elles sont de courte durée, allant de quelques minutes à quelques jours, tout dépendant du besoin et de la relation qui s’établit. Un minime pourcentage de ces rencontres se transformera en relations durables, échanges de correspondances, retrouvailles année après année, belles amitiés ou grand amour. Le pèlerin a le pouvoir de choisir de qui il souhaite s’entourer, du moment auquel il désire le faire et de la durée qu’il aime y accorder. Il choisit des personnes qui le nourrissent, qui le font vibrer intérieurement et le font grandir.
Notre vie prend naissance grâce à d’autres personnes. Nos premiers pas, tous ces apprentissages qui nous font grandir un peu chaque jour, s’effectuent avec l’aide de l’autre. Parents, grands-parents, frère et sœur, professeur, voisins, amis, cousins. Sans cet entourage humain aimant et aidant qui nous accompagne dès le début de notre route, nous ne serions pas celui ou celle que nous sommes aujourd’hui. Nous ne serions pas rendus là où nous sommes. Ils contribuent à la définition de notre identité, nous permettent de prendre nos décisions pour orienter nos pas. Mais plus nous grandissons, moins nous avons conscience de l’impact de cette constante présence autour de nous. Plus notre entourage nous semble parfois plus accessoire ou imposé que choisi et désiré. Pourtant, il n’en tient qu’à nous de déterminer le rapport que nous souhaitons entretenir avec chacune des personnes que nous côtoyons. Durée de la relation, intensité ou fréquence des rencontres, rapport de relation recherché, degré d’importance de la présence de l’autre à nos côtés, implication personnelle souhaitée dans cette relation. Souvent, contrairement au pèlerin, nous ne pensons pas posséder ce droit de choisir et de définir ce qui nous unit à l’autre. Et ce manque de liberté vient ternir, voire même noircir certaines relations. Disputes, frictions, malaises, froids, désagréments. Les vibrations ressenties lors des rencontres, des appels téléphoniques, des échanges, sont négatives, irritantes, désagréables. C’est le signal que notre corps nous envoie pour nous avertir qu’il faudrait revoir comment nous souhaitons vivre notre relation avec cet autre, en changer les paramètres, reconsidérer le cadre qui nous réunit.
Maintenant adulte, pour continuer d’avancer sur mon chemin de vie, pour me donner toutes les chances d’atteindre les buts que je me suis fixés, d’accéder à un espace de vie riche de petits bonheurs, de tendre vers ce sanctuaire dont je rêve et auquel j’aspire, je dois faire comme le pèlerin: je dois m’entourer de personnes qui me font vibrer, qui m’enrichissent et me donnent de l’élan. Je suis ce chef d’orchestre aux milles instruments. Certains instruments sont loin du chef d’orchestre, d’autres plus proche; certains participent selon les besoins liés au répertoire abordé, d’autres sont constamment sollicités pour l’harmonie musicale, et seule une minorité a le privilège de faire un solo enivrant; Tous ces instruments sont nécessaires pour produire une symphonie, mais chacun sous la direction du chef d’orchestre qui en déterminera la partition à suivre. En cette période de Saint-Valentin, prenez le temps d’écouter la musique que fait résonner en vous chacune de vos relations.
Brigitte Harouni