Mener sa vie avec sensualité
La lucidité est le lieu de rencontre de la conscience et de la sensualité.
Norman Mailer
La vie est sensuelle. Ma vie prend du goût parce qu’elle apprécie, saisie l’expérience de vivre, par tous ses sens. L’expérience humaine passe par les sens! Le plaisir de vivre, la joie d’être en vie, nous vient de ce que nous ressentons la vie dans notre corps.
C’est l’odeur d’une fleur, la vue d’un coucher de soleil, le goût du fruit cueilli, la caresse du vent sur ma peau, le chant d’un oiseau, le rire d’un enfant, une main qui caresse mes cheveux, un repas dont l’odeur embaume la maison, la tendresse d’une mère, les encouragements d’un père, le plaisir de se retrouver entre amis… Tous ces moments se ressentent dans notre corps. C’est notre corps qui nous dit combien chacun de ces événements goûte bon.
Le bon goût de la Vie n’a rien d’illusoire ou d’imaginaire. Il fait partie des rares, mais très grandes vérités que nous pouvons saisir. Des vérités auxquelles nous accordons cependant trop peu d’importance. Nous ne sommes pas éduqués à porter attention à ce ressenti. Nous raisonnons nos vies avant de les goûter, alors que c’est le goût qui devrait guider notre raisonnement.
Comment je le sens dans mon corps? Cette approche sensitive est l’expérience la plus réelle de notre humanité. C’est ce ressenti qui me donne l’heure juste sur mon désir de vivre. Il m’en apprend beaucoup sur moi, sur mon rapport aux autres, sur mon rapport à la vie. Et si je me laisse guider par ce bon goût, il devient alors aisé d’orienter ma vie, de lui donner du sens.
La marche du pèlerin met en évidence cette dimension de notre humanité, dès nos premiers pas sur le chemin.
Le pèlerinage nous plonge dans un milieu étranger, dans un contexte différent, qui met tous nos sens en éveil: je goûte plus, je sens plus, je vois plus, j’entends plus, je ressens plus! Tout est accentué par l’expérience du pèlerinage. Ce n’est peut-être pas pour rien que nous parlons de notre désir d’avoir une vie qui a du « sens »? Lui donner du sens, c’est lui donner une direction. Et cette direction s’apprend par sensibilité, par expérience des sens : ça brûle, c’est doux, ça pu, c’est amer, c’est chaud, ça fait mal, c’est beau, c’est bon, etc. Tous des mots que nous employons pour dire comment nous appréhendons le monde, comment nous le percevons… et la réalité de mon être s’apprend là!
La Vie est simple. Elle n’attend rien de bien particulier de notre part, sinon… d’être sensé! Et d’utiliser nos sens à bon escient. Je sais ce qui est bon pour moi, parce que ça goûte bon, que ça fait du bien, que je me sens bien.
Cette expérience sensible me permet de bâtir avec la Vie une relation de confiance. Même si je quitte mes repères, que je sors de ma zone de confort, mon corps me guidera au cœur de cette expérience vivante. Mon corps me guide et à travers lui je suis capable de reconnaître le bon goût de ma vie et d’en élargir ses facettes. Il me donne l’assurance et la confiance au point de pouvoir quitter momentanément le bon goût de certaines choses que j’apprécie pour en découvrir de nouvelles. Mon corps me permet d’explorer tout en me guidant. Il me permet aussi d’identifier ce bon goût qui persiste et qui est le fil conducteur de ma vie. Il m’apprend à repérer ce qui me fait vivre, ce qui me permet de m’épanouir. Il m’apprend finalement à choisir la Vie. Car choisir la Vie, c’est choisir ce qui a bon goût, me fait vivre et me permet de grandir sur tous les plans.
Et vous, qu’est-ce qui goûte bon dans votre vie?
Éric Laliberté