Êtes-vous pèlerin?
Porter des lunettes ne veut pas dire savoir lire.
Proverbe guadeloupéen
Depuis bien des mois maintenant, je me questionne à savoir ce qui définit un pèlerin. Qu’est-ce qui permet de distinguer le pèlerin du touriste, du voyageur, ou du sportif. Faut-il nécessairement avoir un sac à dos et un chapeau beige à large bord pour être qualifié de pèlerin? Est-on pèlerin uniquement pendant la durée du pèlerinage? Après de longues périodes de recherche, d’observation et d’analyse, je constate qu’il existe deux types de voyage et pour être pèlerin, il faut vivre les deux.
Tout d’abord, il y a le voyage extérieur, celui que nous connaissons le mieux. C’est un déplacement qui m’oblige à sortir de chez moi pour me rendre dans un autre lieu, souvent dans un but précis. Que je me déplace à pied, à cheval ou en voiture, je vis physiquement un changement de décor. Je découvre avec crainte et curiosité les nouveautés qui m’entourent. Tous mes sens sont sollicités pour être en contact avec l’extérieur. J’apprivoise l’inconnu. J’apprends à m’y redéfinir, à y retrouver un certain confort. C’est un voyage touristique, celui du découvreur et de l’aventurier. Son objectif est souvent prédéterminé et son itinéraire sommairement élaboré.
Puis, plus silencieux et discret, il y a le voyage intérieur, celui que chacun vit en lui. C’est aussi un déplacement, mais plus subtile car il ne se voit pas; il se vit. Il accompagne chacun des événements de ma vie. C’est ce mouvement des pensées qui m’invite à sortir de ma zone de confort pour aller vers un inconnu que je souhaite meilleur. J’avance sur ce chemin spirituel accompagné de moi-même, de mes questions et de mes réponses, de mes peurs et de mes convictions, pour me diriger vers un mieux-être. C’est sur ce chemin que j’apprends à me connaître, que je précise le sens que je veux donner à ma vie, et que je prends des décisions pour mieux orienter mes pas. Le voyage intérieur fait en sorte que je chemine, je grandis, je change.
Ces deux formes de voyage peuvent faire route ensemble, mais il est possible pour certaines personnes de n’en vivre qu’une des deux. En effet, il est possible de vivre un déplacement physique sans laisser de place à une certaine intériorité. Tout comme il est possible de vivre pleinement une démarche spirituelle sans nécessairement quitter son chez-soi. Cependant, pour le pèlerin, voyages extérieur et intérieur se croisent et s’entremêlent tout au long de son déplacement. Chacun, à sa façon, contribue à nourrir l’âme du voyageur et l’aide à atteindre le but réel qu’il s’est fixé. Le pèlerin est celui qui se déplace physiquement, qui sort de ses routines et de ses connus, et qui accepte aussi de se laisser déplacer intérieurement. Lorsque le pèlerinage est terminé, le chemin intérieur lui continue d’exister. C’est cette route que le pèlerin va suivre. Car être pèlerin ne requiert pas forcément d’avoir des bottes aux pieds. Être pèlerin de la vie c’est voir le changement comme une source de vie et poser des actions pour se diriger vers ce mieux-être qui nous interpelle intérieurement. Maintenant, à vous de déterminer si vous êtes pèlerin de vie. Marchez-vous en cohérence avec votre voie/voix intérieure?
Brigitte Harouni