Le pèlerinage : un passage par le vide
« Quand les talons claquent, l’esprit se vide. »
Louis Hubert Lyautey
Pâques signifie passage. Un passage après une longue période de dépouillement. S’il est une célébration qui devrait être significative pour tout pèlerin, c’est Pâques. Cette fin de semaine, plusieurs d’entre nous souligneront par habitude ou par tradition, voire même obligation, cette fête. Nous nous retrouverons en famille comme nous le faisons à Noël ou à la fête des mères. On se donnera des fleurs, des cadeaux et des chocolats avant de reprendre la route du quotidien. Pourtant Pâques est une fête riche en symbolique qui mérite qu’on fasse une pause dans notre course contre la vie pour en saisir le message qui, bien que religieux, est avant tout humain.
L’origine de Pâques provient de la fête juive «Pessa’h» ou «Passover» (en anglais) qui signifie passage et symbolise la transition. Pour le peuple juif, c’est la nouvelle vie qui commence après 40 années d’errance dans le désert. C’est cette brèche qui s’ouvre dans la mer Rouge pour les libérer de l’esclavage et les diriger vers la Terre promise, cette promesse d’une vie meilleure. Pour les Chrétiens, c’est la découverte du tombeau vide et la résurrection de Jésus. Ce retour à la vie que le peuple a longtemps soulignée en faisant un carême de 40 jours avant les festivités de Pâques.
Quelle que soit la religion, le message transmis demeure le même : pour que puisse naître la vie, pour qu’un mieux-être puisse émerger, il faut lui faire de la place. La période de carême, tout comme celle du désert, tout comme le tombeau vide, symbolise le dépouillement matériel, la privation d’excès, la solitude, le silence. Une petite mort. Une fin. C’est cet apprentissage que le pèlerin fera tout au long de sa route : accepter et accueillir ce vide et ce silence intérieur. En ressentir l’inconfort. L’apprivoiser. L’habiter. Car c’est de là que va renaître la vie. Le pèlerin se désencombre matériellement et mentalement. Il fait un ménage intérieur pour avoir l’espace pour accueillir ce nouveau qui tente de naître. Il accepte que certaines choses meurent et se terminent pour que le nouveau prenne forme.
Autre fait particulier : Pâques, contrairement aux autres fêtes du calendrier, n’est pas à une date fixe. Le jour de Pâques est déterminé en fonction du cycle lunaire, de la pleine lune. Et chaque année, Pâques arrive avec le printemps. La vie est mouvement. Elle s’accorde avec les forces qui l’entourent, avec la nature. C’est un tout. Et chacun saura y trouver sa réponse lorsque son moment sera venu. Le pèlerin chemine vers ce moment où il vivra en harmonie avec le monde extérieur, dans un rythme naturel. Il se réveillera aux chants des oiseaux, mangera quand il aura faim, s’arrêtera lorsqu’il aura besoin d’une pause, se rafraîchira lorsqu’il fait chaud, se couchera avec le soleil. Il goûte alors à la simplicité de la vie et du peu qu’il faut pour être bien. Il réalise que le bien-être n’est pas matériel, ni matérialisable. C’est un état qui fleurit en lui lorsqu’il lui offre le terreau qu’il lui faut. Le printemps, c’est la vie qui reprend après les longs mois d’hiver. L’hiver, c’est l’absence d’odeurs, de couleurs, de bruit, de mouvement et de chaleur. Tout y est étouffé et endormi. Le pèlerin est celui qui est en quête de son printemps intérieur.
Dans quelques jours ce sera Pâques. Que fêterez-vous? Quelle est votre renaissance? Quelle est votre saison intérieure?
Brigitte Harouni
Bravo ! et merci pour ces beau textes,
Je lisais aujourd’hui dans un livre de pensée quotidienne sur le TAO, de Deng Ming-Dao
au sujet du voyage… au sens de la vie
« Une fois que l’on est relié à sa force intérieur, il n’y a pas de fin aux merveilles du voyage»
Salutation à Éric qui a écrit un très beau texte «La quête du pèlerin»
Bonne Pâques à votre famille
Yves
Merci Yves!
Et Joyeuses Pâques à vous deux! 🙂
Éric et Brigitte