Qu’est-ce que la démarche du pèlerin?
Le pèlerinage de longue randonnée n’est pas un lieu.
Il est itinéraire de vie inscrit dans le corps et l’esprit, marqué par le temps.
Bottes et Vélo
En Europe, l’expérience du pèlerinage de longue randonnée étant plus développée, on en a articulé une compréhension de la démarche en un cycle de quatre temps : PARTIR, CHEMINER, DEMEURER, REPARTIR. C’est à travers ce cycle répétitif que pourra se faire le grand ménage du corps et de l’esprit, qu’un regard nouveau pourra naître. Un processus en spirale qui appelle à se laisser déstabiliser jour après jour. Ce cycle marque les temps forts d’un processus transformateur qui engagera tout l’être du pèlerin : corps et esprit, mais dont la dimension temps ne devra pas être négligée. Le processus dans lequel s’élance le pèlerin ne peut se faire rapidement, il demande du temps. Il s’inscrit en nous lentement, au rythme de la vie. La démarche du pèlerin appelle le mouvement dans tout mon être et me fait prendre conscience que la vie n’a rien de stagnant : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l’homme n’a nulle part où poser sa tête. (Lc 9,58) » L’être humain a cet élan de vie inscrit en lui.
PARTIR
Entreprendre un pèlerinage de longue randonnée signifie : partir, quitter mon quotidien, me laisser déstabiliser pour m’ouvrir à un autrement; sortir de mes enfermements, de mon confort, pour éveiller tous mes sens à la découverte de lieux et de gens nouveaux; quitter le rythme trépidant d’un monde qui ne prend plus le temps, pour renouer avec le rythme de la vie.
CHEMINER
Le cheminement de la démarche engage tout l’être : physique et spirituel. C’est dans cet engagement que le processus se met en branle, que l’être chemine, que l’expérience relève du senti puisqu’elle s’inscrit dans ma chair. Elle prend soudainement une saveur que je ne lui connaissais pas ou que je redécouvre au plus profond de moi. Une saveur que j’apprendrai à côtoyer jour après jour et dont le goût guidera mes pas.
DEMEURER
S’arrêter pour se mette à l’écoute de ce qui se passe en moi et savourer l’expérience; la laisser descendre dans tout mon être et en goûter les bienfaits; la méditer, l’approfondir, la laisser agir. Je ne peux brusquer les choses, les digérer plus vite que je ne le peux. Le chemin se trace en moi lentement et je dois lui laisser cet espace, ce temps. C’est le temps de la contemplation.
REPARTIR
Comme l’eau stagnante devient impropre, tout mon être trouve sa vérité dans le mouvement. Non pas une agitation insignifiante, mais un mouvement vivant dont le goût m’appelle à reprendre la route. Ce repartir s’inscrit dans ma mission, l’élan vivant inscrit en moi, et dont la saveur se défini jour après jour. Il signifie aussi l’ouverture d’esprit. Un esprit qui s’enferme dans ses schèmes de penser n’est plus capable d’avancer. C’est l’appel du chemin, l’appel au cheminement.
La démarche du pèlerin se vit sous ces quatre temps et engage tout mon être dans ses dimensions corporelle, spirituelle et temporelle. Tout le processus animera et/ou réanimera des parts de mon être, parfois dans la joie, parfois dans la souffrance, le plongeant dans des réflexions et remises en question. En cours de route, j’apprends à m’observer, je me mets à l’écoute…
CORPS
Habiter mon corps pour me découvrir comme être vivant. Reprendre contact avec tous mes sens. Éprouver la simplicité des bonheurs quotidiens, la joie d’être en vie : goûter, toucher, sentir, voir, entendre. Être vivant, c’est éprouver la joie de l’élan de vie qui est en chacun de nous. C’est se découvrir fait pour être heureux, sentir le lien qui nous unit à la Vie, à tout ce qui vit. C’est choisir la Vie à chaque instant. Habiter mon corps, c’est aussi observer et apprivoiser ma souffrance. Celle que je traîne avec moi, dans mon sac de vie. Quelles sont les souffrances de ma vie, celles qui me paralysent, m’empêchent d’avancer, m’enferment? Lentement j’apprends à les accueillir, les détricoter, faire la paix avec elles. J’apprends à les utiliser pour aller plus loin, pour avancer dans ma vie. Lentement, l’expérience m’amène à distinguer ce qui oriente ma vie et la saveur qu’a celle-ci… Quel est ce goût qui me fait vibrer, vivre? Quel est ce goût qui m’entraîne dans une vie illusoire, vers des pulsions de mort?
ESPRIT
Discerner mes états d’esprit. Discerner le bon esprit, du mauvais esprit : celui qui me fait souffrir, celui qui m’amène à contre-courant de la Vie, me met dans l’illusion de la joie, m’entraîne à des dépendances…, celui qui met du désordre dans ma vie. Pour plutôt apprendre à orienter ma vie selon les signes du bon esprit : celui qui met mes sens en éveillent, m’anime et me rend joyeux, celui qui amène la paix et la sérénité en moi. J’apprends à observer mes états d’esprit pour donner du sens à ma vie. En observant les mouvements de joie et de peine en moi, je suis à même de découvrir le fil conducteur de ma vie. J’apprends aussi à laisser mon esprit libre d’aller, ne plus l’engorger de mille pensées. Par cet exercice, j’ouvre un espace en moi pour que puisse naître du nouveau, une solution nouvelle.
TEMPS
Prendre le temps de vivre son pèlerinage. Ne pas penser à l’arrivée avant d’être parti. S’engager dans la démarche avec tout son être pour lui laisser le temps de se vivre et permettre une intégration profonde. On ne peut maîtriser l’art et la technique du peintre en un weekend. Pour aller en profondeur, cela demande du temps. Plus je prendrai le temps, plus je raffinerai mon sens du goût et développerai ma capacité à reconnaître la saveur de ma vie, ce qui lui donne si bon goût. J’aurai alors plus de facilité à m’éloigner de ce qui la rend aigre ou amère. De même, en prenant le temps, les nœuds qui se sont formés en moi, et m’enferment dans mes souffrances, pourront se dénouer en douceur et amener une plus grande liberté intérieure.
Entreprendre un pèlerinage de longue randonnée, c’est vivre la démarche du pèlerin, c’est vivre un peu tout ça… et plus encore. La démarche du pèlerin est personnelle à chacun. Elle vous conduira là où vous êtes en mesure d’aller. Elle ne vous poussera jamais au-delà. Et si certaines limites en venaient à être dépassées, ce n’est pas l’expérience qui sera en cause, mais notre rapport à l’expérience. Il sera alors bon de se poser quelques questions : qu’est-ce que je n’ai pas écouté en moi? Qu’ai-je à prouver? Suis-je entré dans cette expérience sous le mode de la compétition et de la performance?
C’est un pas à la fois que le pèlerin progressera. Se donner le temps de vivre l’expérience sur plusieurs semaines consécutives ou encore s’engager dans un processus en plusieurs petites séquences entraînera un cheminement qui se raffinera tout en douceur.
Pour tous ceux et celles qui désirent expérimenter la démarche du pèlerin et voudront se joindre à nous pour la saison de pèlerinage 2015, c’est à travers ce processus que Bottes et Vélo offre de vous accompagner. N’hésitez pas à vous inscrire aux différents séjours de ressourcement à travers le pèlerinage ou encore à partir avec nous pour une plus longue expérience sur la Voie du St-Laurent au cours de l’été. Visitez notre site pour découvrir toutes les possibilités qui s’offrent à vous.