Sortir de sa zone de confort
Qui veut faire quelque chose trouve un moyen ; qui ne veut rien faire trouve une excuse. »
Proverbe arabe
Régulièrement, aux fils des conversations, des gens me confient être tentés de vivre l’expérience du chemin de Compostelle. Plusieurs y pensent et en parlent depuis quelques années déjà. Pourtant nombreux sont ceux qui ne l’ont pas encore vécue et qui nourrissent leur rêve en se documentant ou en écoutant parler ceux qui en reviennent. Mais qu’est-ce qui les retient et les empêche de vivre pleinement leur vie comme ils la rêvent? Et qu’est-ce qui fait qu’un beau matin, l’un d’entre eux se décide, enfile ses bottes et son sac à dos, et se lance dans cette aventure?
La réponse est souvent la même : la peur ou la volonté de sortir de la zone confortable et sécurisante du connu. On vous le dira, ou vous le constaterez vous-même, chaque pèlerin sur la route de Compostelle a son histoire toute personnelle qui l’a amené à faire le grand saut. Il a généralement fallu que l’inconfort du quotidien et du connu soit devenu assez grand et insupportable pour que partir représente une source de mieux-être ou un début de solution. Ainsi, étrangement, dans bien des cas, pour se permettre de vivre un désir ou une situation qui nous tient pourtant à cœur, il nous faudra surmonter nos peurs et accepter d’abandonner le connu au profit d’un inconnu imaginé et parfois idéalisé.
Je vous dis souvent que le pèlerinage est une source riche en apprentissages. Ici encore, avant même d’être rendu sur la route et d’avoir fait le premier pas, le nouveau pèlerin découvre toute la confiance en soi qui s’insuffle du simple fait de prendre la ferme décision de passer à l’action, et de mener un rêve à terme. Durant ces quelques jours de préparatifs, tout un éventail d’émotions se déploie en soi que l’on doit apprendre à gérer et à contrôler, et qui nous feront grandir intérieurement. Toutefois, je vous avouerai qu’il n’est pas nécessaire de partir marcher 30 jours pour grandir de la sorte. Nous avons tous au fond de nous une liste de souhaits et de rêves de réalisations que nous ressassons parfois en soupirant, espérant de les voir un jour se concrétiser, et attendant. Attendant quoi? Attendant pourquoi? Parallèle à cette liste, nous avons parfois une longue liste de justifications et d’explications d’entraves à ces rêves. Pourtant, nous sommes l’agent de changement. Nous seul déciderons de sortir de cette vie routinière qui nous ennuie, de quitter ce conjoint qui nous blesse, de demander un allègement de tâche au travail, de déménager dans un environnement qui nous séduit, de choisir de rester avec les enfants lorsqu’ils sont jeunes, de nous consacrer à notre passion, … bref : de vivre maintenant ce que nous espérons vivre « un jour » ou qui sait sûrement à notre retraite. Tout devrait dépendre de la puissance de notre désir de réalisation et non de la peur de quitter une réalité rassurante mais pas encore assez insatisfaisante. Jean Monnet nous le dit bien : »Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. » Mais pourquoi attendre que le malaise soit devenu invivable pour reconnaître qu’un changement serait bienvenu?
Il revient à chacun de déterminer s’il préfère vivre sa vie pleinement et en accord avec sa voix intérieure et ses élans, ou s’il choisit d’accepter la vie qu’il mène actuellement et qui convient bien malgré tout. Tout est une question de choix personnel et d’acceptation des limites et contraintes de la vie que nous choisissons. Une chose demeure assurée : lorsque le malaise sera trop grand, un changement apparaîtra. Alors pour ce Noël, pensez à vous et offrez-vous un petit quelque chose qui est sur votre liste de souhaits de vie!
Brigitte Harouni