Le confort du Camino québécois
Un jour ou l’autre il faudra bien en finir avec les comparaisons entre le pèlerinage québécois et Compostelle! D’ici là, cependant, il faudra en avoir fait le tour pour pouvoir s’en libérer. Comme Brigitte l’écrivait la semaine dernière, chaque pèlerinage a sa propre couleur et Compostelle n’est pas Québécois. Ce qu’il faut retenir par contre, c’est que Compostelle est très certainement une référence en matière de pèlerinage. Il est en ce moment le chemin le plus fréquenté et nous avons tout avantage à nous servir de cette expérience pour baliser et qualifier celle du pèlerinage de la Voie du St-Laurent; et ceci vaut pour tous les pèlerinages nord-américains. Aujourd’hui, nous nous attarderons donc à la question de l’hébergement le long du St-Laurent.
L’hébergement pèlerin, tel que plusieurs d’entre nous l’ont connu sur le Camino, n’existe pas au Québec. Sur le Camino Frances, la voie la plus fréquentée de Compostelle, on y retrouve généralement un hébergement de qualité, du type auberge de jeunesse, tous les 5 à 10 km. Rarement plus de 15 km. Développer cette fréquence d’hébergement pèlerin au Québec rendrait très certainement le pèlerinage en terre d’Amérique plus intéressant mais, l’expérience n’en demeure pas moins confortable pour autant! Au contraire!
Lors de notre périple de cet été, nous avons séjourné dans de magnifiques auberges, gîtes ou cabines, et le camping s’est avéré un choix plutôt qu’une nécessité. Notre pèlerinage s’est donc révélé aussi confortable que Compostelle puisse l’être. Le problème avec l’hébergement sur les chemins de pèlerinage, ce n’est pas seulement d’en trouver un qui soit confortable, mais un qui soit abordable (Ici, question tarifs, je crois que l’on peut comparer la Voie du St-Laurent avec les hébergements des voies françaises de Compostelle) et d’avoir du choix sur une distance qui soit respectable. Par bonheur, la Voie du St-Laurent répond à ces deux critères et pourrait même avoir un avantage sur le Chemin de Compostelle!
Tout au long de la Voie du St-Laurent, 5 types d’hébergement s’offrent à nous: 1) le gîte du passant (bed and breakfast), 2) le motel ou les cabines, 3) les résidences étudiantes, 4) les auberges de jeunesse et 5) le camping.
1) Le gîte du passant ou « Bed and Breakfast »
Les gîtes du passant ont été notre choix de derniers recours. Étant le plus dispendieux des hébergements, nous n’avons pas abusé de cette solution sinon notre pèlerinage serait rapidement devenu hors de prix. Cet hébergement, cependant, a l’avantage d’être toujours de qualité, d’inclure le petit-déjeuner dans son tarif et ne requiert pas de sac de couchage. Pour le pèlerin qui cherche toujours à réduire le poids de son sac à dos, c’est un sérieux avantage!
Pour ce qui est du prix, ceux-ci varient entre 80$ et 100$ la nuitée pour deux personnes. C’est du moins la limite de prix que nous nous autorisions. Il est évidemment possible de trouver de nombreux gîtes au-delà de ce prix.
2) Le motel ou les cabines
Les motels ou cabines sont très présents tout au long de la voie du St-Laurent. Ils fonctionnent tous les deux sur le même principe et demandent à peu près les mêmes tarifs. La cabine a cependant l’avantage d’offrir une cuisinette, ce qui permet une économie non-négligeable. Un service que l’on pourra trouver occasionnellement dans certains motels. Côté qualité, on peut s’attendre à un peu de tout. Généralement, ces hébergements offrent un espace simple, parfois rustique, mais qui convient très bien pour une nuit de repos. Mais, cela dépend aussi de votre degré de tolérance… Un degré qui varie selon la fatigue éprouvée! Néanmoins, vous aurez toujours la possibilité de visiter l’endroit avant de le louer. Les tarifs pour ce type d’hébergement varient entre 45$ et 75$, pour deux personnes. Un tarif qui ressemble beaucoup au tarif des hébergements pèlerin en France. Avantage sur Compostelle : la plupart d’entre eux offrent le Wifi gratuit et, ici aussi, pas besoin de sac de couchage.
3) Les résidences étudiantes
Les résidences étudiantes font partie de nos coups de cœur, tout comme les auberges de jeunesse. Du côté de l’Ontario, elles sont encore mieux qu’au Québec, même si celles du Québec font parfaitement l’affaire.
Toujours situées dans le quartier latin des grandes villes, elles sont à proximité de tous les services et des points d’intérêts. Facile d’accès, propre, offrant la literie, un espace cuisine, un salon communautaire, une buanderie et l’accès Wifi gratuit, la résidence étudiante est un hébergement de qualité à tarif pèlerin. Un tarif qui varie entre 45$ et 65$ pour deux personnes, taxes comprises.
4) Les auberges de jeunesse
L’auberge de jeunesse est sans aucun doute l’hébergement qui ressemble le plus à l’albergue espagnole de par sa convivialité et son côté internationale. Chaleureuses et accueillantes, chacune d’entre elles nous a offert la chance de prendre un repas avec des gens provenant des quatre coins du monde. Des gens de tous les âges qui partagent tous un goût pour l’aventure et la découverte. Point de vue services, les auberges de jeunesse offrent sensiblement les mêmes que les résidences étudiantes. Il s’agit cependant d’un hébergement en dortoir mais, en déboursant un peu plus, vous pouvez avoir une chambre privée. Les tarifs en dortoir varient entre 25$ et 35$ par personne, taxes comprises, et inclus parfois le petit-déjeuner. Ici aussi, vous bénéficierez d’un accès Wifi gratuit et de la literie.
5) Le camping
Le camping n’est absolument pas nécessaire pour le pèlerin cycliste sur tout le parcours de la Voie du St-Laurent, de Niagara Falls à Percé. Pour le pèlerin randonneur, entre Montréal et Percé, il ne sera pas nécessaire non plus. (De Niagara Falls à Montréal, nous vous recommandions lors de notre premier bilan (1) de faire le parcours à vélo et non à pied; les distances étant trop souvent de plus de 40 km entre deux hébergements potentiels.) Ceci dit, ceux et celles qui voudront rendre l’expérience plus nature, ou encore plus économique, trouveront des campings partout et à des tarifs beaucoup moindre au Québec qu’en Ontario. En Ontario, les tarifs varient entre 35$ et 45$ pour un terrain sans service. Au Québec, il vous en coûtera entre 20$ et 35$ pour un terrain semblable. Hormis le tarif qui diffère, vous trouverez des campings de même qualité dans les deux provinces.
Au départ, nous avions cru que le camping serait une solution à l’hébergement pèlerin mais, s’il en est une, elle est seulement et purement économique. Il n’est donc pas nécessaire de s’alourdir le sac à dos d’une tente et d’un matelas de sol comme je l’ai fait! Les rares occasions où nous avons fait du camping étant par choix, jamais par nécessité.
Ce qu’il faudra retenir du pèlerinage le long du St-Laurent : c’est qu’il est possible de se lancer sur les rives du fleuve aux grandes eaux en ayant l’assurance de trouver un hébergement abordable et confortable tout le long du parcours (environ 30$/nuitée/personne); c’est-à-dire un hébergement équivalent à ce que l’on pourrait trouver sur le chemin du Puy-en-Velay ou de Vézelay. Que certaines sections nous offrent même de l’hébergement tous les 7 ou 8 km, rarement avons-nous marché 20 ou 25 km avant de croiser un hébergement, une seule fois 30 km. Et, enfin, qu’il est possible de le faire sans avoir à s’encombrer d’un sac de couchage! Avantage que Compostelle n’a pas! 😉
Éric Laliberté
(1) Voir sur la chaîne youtube de Bottes et Vélo, le vidéo intitulé : Bottes et Vélo – La Voie du St-Laurent – Bilan 1 (Ontario).
Au Québec, il y a aussi des pèlerinages planifiés comme le Chemin des sanctuaires, le Chemin des Outaouais et le Chemin des navigateurs où les hébergements sont très agréables pour l’accueil et les rencontres…
Tout à fait d’accord avec vous Marie-Françoise! Cependant pour le pèlerin qui désire vivre l’expérience de manière autonome, tel qu’il est possible de le faire à Compostelle (c’est-à-dire au moment qui lui convient et selon les étapes qui lui conviennent), il est bon de savoir qu’il est aussi possible de le faire ici au Québec. Pour répondre à ce besoin, Bottes et Vélo offre gratuitement, en format PDF, des guides qui permettent de réaliser ces différents pèlerinages en parfaite autonomie. Nous travaillons également pour développer et faire en sorte que d’autres chemins soient parcourus. Le but étant de faire en sorte que le pèlerinage se pratique de plus en plus en Amérique du Nord. Au plaisir!