Observations cocasses non scientifiquement fondées
« La nature est un professeur universel et sûr pour celui qui l’observe. »
Carlo Goldoni
En attendant le prochain article sérieux de Bottes et Vélo, voici une liste d’observations et de constatations non scientifiquement prouvées, relevées au cours de nos 40 jours de pèlerinage sur la Voie du Saint-Laurent :
- Les chiens n’ont pas l’habitude de voir des pèlerins avec des bâtons de marche. 9 chiens sur 10 aboient sur notre passage. Tous les chiens qui voudraient traverser la route et se précipiter sur nos mollets sont attachés ou encagés. Si le chien n’est pas attaché, il ne jappera pas! (Pour cette observation, nous avons eu un très grand échantillon de population canine)
- Les chevaux sont curieux de voir des pèlerins. Ils cessent toute activité et suivent du regard les voyageurs jusqu’au bout de leur route. Rêvent-ils de liberté et de grands espaces?
- On retrouve des canards tout le long du fleuve St-Laurent. Certains vivent dans l’eau douce et d’autres dans l’eau salée. Certains semblent s’acclimater aux deux milieux. Ils sont toujours en groupe et sont plutôt craintifs.
- On observe des cormorans tout le long du fleuve St-Laurent, mais on constate qu’ils aiment nettement plus l’eau salée et l’air du large, car ils y sont plus nombreux. Pas besoin d’être ornithologue pour reconnaître un cormoran, surtout quand il se fait sécher.
- Le goéland est un gros oiseau. On le voit tout le long du St-Laurent, mais il semble préférer l’eau salée. À marée haute, il se laisse flotter sur les vagues, mais il préfère être au sec sur les rochers qui bordent l’eau où il profite du bon temps entouré de ses nombreux semblables. Il ne pêche pas vraiment, il a plutôt tendance à attendre qu’un autre attrape une proie pour aller s’en emparer.
- La corneille est l’oiseau que l’on observe tout le long du St-Laurent. Elle semble pleinement adaptée à tout climat et tout environnement. Eau salée ou douce, rivage ou montagne, chaleur ou temps frais, elle est partout! Petit rituel peu apprécié des campeurs : elle se regroupe et craille allègrement pour accueillir le soleil qui se lève….à 5h du matin!
- Du rivage, on peut observer les baleines à partir de Rimouski. Mais il faut que le temps soit clair, que le fleuve soit calme et être très patient. Quand vous avez remarqué un dos de baleine au loin, vous pouvez calculer un long 8 minutes avant de revoir ce même dos beaucoup plus loin.
- On peut observer des phoques dès le parc du Bic. Attention : on peut facilement confondre un phoque qui se fait chauffer au soleil avec une grosse roche surtout lorsqu’il n’a pas la queue recourbée.
- Toutes les plages qui bordent le fleuve Saint-Laurent sont faites d’un sable grisâtre. Mais rendu en Gaspésie, on retrouve des plages de sable gris-ardoise, des plages de gros galets bien ronds, des plages de galets plats idéal pour les concours de ricochets, des plages de sable rougeoyant, des plages de roches rayées noir et blanc, et des plages ambrées. Comme quoi qu’il n’y a pas que la route de montagne qui nous en fait voir de toutes les couleurs.
- Les automobilistes ontariens sont tellement courtois qu’ils changent de voie pour garder un corridor de sécurité avec les cyclistes, même lorsque ce n’est pas nécessaire.
- 9 automobilistes québécois sur 10 considèrent que la ligne blanche qui nous sépare d’eux est un espace largement suffisant et sécuritaire, ainsi qu’apparemment étanche car ils ne changent pas de voie,… même lorsqu’il pleut!
- Les camions de transport routier qu’ils soient québécois ou ontariens ralentissent et nous contournent largement et de façon très courtoise. Les cours de conduite pour ce genre de long véhicule se donnent peut-être uniquement en Ontario…?
- Les Ontariens sont spontanément généreux lorsqu’il s’agit de faire un don pour une cause, quelle que soit la cause.
- Les femmes sont spontanément plus généreuses que les hommes lorsqu’il s’agit de faire un don. En effet, elles demandent spontanément à leur conjoint, père ou ami de sortir de l’argent car elles n’en ont pas sur elles. 🙂
- Lorsque vous portez un drapeau au-dessus de votre tête, les gens sont beaucoup plus curieux de venir vous parler que lorsque vous avez simplement un gros sac à dos.
- Étonnamment, après 1500 km de vélo, certains muscles n’ont toujours pas vraiment travaillé. On le constate rapidement lorsqu’on se met à marcher durant toute une journée avec un sac à dos de 10 kg.
- Tout comme nous avons un pied plus grand que l’autre et un œil plus gros que l’autre, les muscles ne sont pas développés de façon égale. C’est ainsi que mon côté gauche est moins efficace dans les montées que mon côté droit. Et pour éviter de me blesser à gauche ou de surdévelopper à droite, j’ai avantage à ralentir pour que mon côté droit respecte le rythme et les limites de mon côté gauche, lui laissant ainsi le temps de se consolider.
- Lorsqu’une auberge de jeunesse se dit « festive », il ne faut pas minimiser la signification du mot « festive ». Ainsi, si vous souhaitez socialiser et vous divertir sous un ciel étoilé jusqu’aux petites lueurs de l’aube : c’est assurément l’endroit qu’il vous faut! Mais si vous êtes à la recherche d’une bonne nuit de repos ressourçante, je vous conseille très fortement de poursuivre votre route vers le prochain hébergement!
- Tout appareil cellulaire qui prend la pluie cesse de fonctionner. Mais un appareil sur deux qu’on aura pris le temps de mettre dans du riz durant un minimum de 30 heures retrouvera toutes ses fonctions….. et malheureusement ce n’était pas le mien!
- La durée de vie d’un savon est d’exactement 40 douches!
Une petite dernière : Pour plusieurs gaspésiens les bâtons de marche sont employés uniquement en hiver. C’est pourquoi certains ont eu la gentillesse de nous préciser : 1. qu’il n’y avait pas encore de neige, et 2. que nous avions oublié de mettre nos skis. 🙂
Brigitte Harouni