Je connais la solution à mon mieux-être
« Ce n’est pas le pèlerin qui fait le chemin mais le chemin qui fait le pèlerin. »
Bottes et Vélo
Lors d’un pèlerinage, chacun aborde le chemin avec son bagage personnel. Et quel que soit l’élan des premiers jours, chacun sera plus ou moins rapidement confronté à ses propres limites. Ces limites semblent d’ordre physique mais originent du caractère de chacun. Soigner le corps est nécessaire, mais on ne règlera rien si l’esprit ne change pas. Et c’est exactement ce que le chemin nous enseigne.
Nous étions un petit groupe à marcher « ensemble ». Réellement seuls, nos pas s’entrecroisaient au gré des petites haltes, des villages et des auberges :
- Mark, fier homme de carrière, joyeux, mais compétitif dans l’âme, marchait d’un pas rapide et déterminé toujours en tête du groupe. Après quelques jours, il ressentit une douleur à la jambe gauche. Mais qu’importe, il continua d’avancer au même rythme, se disant que le mal passerait. Malheureusement, le contraire se produisit, la jambe enfla tant qu’on ne voyait plus l’os de la cheville.
- Julie, jeune étudiante suivait le groupe avec plaisir. Pourtant chaque pas la faisait souffrir. Mal équipée, son sac lui sciait les épaules et dans ses espadrilles de course, ses pieds étaient ourlés d’ampoules. Croyant que la douleur devait faire partie de l’expérience et se refusant à marcher seule, elle continuait sa route.
- Agostina, enseignante toujours souriante marchait d’un bon pas. Avisée et préparée pour ce voyage, elle avait tout de la parfaite pèlerine! Bien conseillée, elle portait un sac à dos plus petit, donc plus léger, et donc aussi moins logeable! Alors, pour s’accommoder, elle portait en bandoulière une grosse sacoche. Après plusieurs jours de marche, elle commença à se plaindre d’une douleur à la hanche. Elle ralentit le pas, mais la douleur élança encore.
- Rolf, fanfaron de la troupe, semblait s’amuser tout le long du chemin. Toujours prêt à aider, allant même jusqu’à porter le sac d’une belle en peine, il se plaisait à faire la grâce matinée pour ensuite rattraper le groupe de son pas militaire entrainé. Se déplaçant à un rythme surprenant, il ne semblait jamais se fatiguer. Il partait plus tard, arrivait plus tôt, nous rattrapait, nous dépassait. Toujours de bonne humeur, jamais à se plaindre : un homme, un vrai! Puis, presque en fin de parcours, il nous annonça qu’une énorme bosse le faisait souffrir à la jambe et que ses ampoules étaient rendues insupportables.
Chacun savait très bien ce qui allait aider le corps à mieux avancer. Mais il n’est pas facile de changer sa façon d’être. Cependant, sur le chemin, si l’on souhaite terminer sa route, on n’a pas le choix, il faut s’ajuster. Un pansement ou un baume ne suffira pas. Ainsi, Mark a dû s’arrêter deux jours, pour laisser le temps à sa jambe de reprendre sa forme; Julie a pris une demi-journée de repos et a décidé de moins marcher à chaque jour; Agostina a choisi de rester avec Julie pour l’aider à terminer la route et, ne se décidant pas à abandonner sa grosse sacoche, a pris l’habitude de la changer d’épaule régulièrement; et Rolf a aussi fait une pause, mais simplement d’une journée et a continué en marchant moins rapidement et moins longuement. Finalement, tous se sont rendus au bout de leur voyage.
Ce que l’histoire ne dit pas c’est si chacun a su par la suite conserver ses apprentissages pour les mettre en application dans leur quotidien. Mark est-il toujours aussi compétitif au point de s’oublier? Julie prend-elle le temps d’être seule et de faire les choses à son rythme? Agostina s’est-elle délestée des tous ces objets que l’on traine « au cas où » pour se rassurer? Et Rolf pense-t-il à prendre plus soin de lui que des autres?
Dans la vie, nous suivons tous un chemin. Il faut se demander si nous l’abordons pour en profiter pleinement. Avons-nous une douleur qui nous suit? Une blessure que nous ne laissons pas cicatriser correctement? Croyons-nous que ce mal passera de lui-même? Choisissons-nous de poursuivre malgré tout? De l’ignorer? Très souvent, nous connaissons la solution à notre mal. C’est la décision d’agir pour le résorber qui nous est plus ardue. En ce début de printemps, saison des amours et du ménage, prenons le temps de prendre soin de nous. Faisons un peu de ménage dans ce qui nous « encombre » l’esprit, chacun à sa façon, en respectant qui on est : une solution sur mesure. Sénèque a dit : «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.»
Brigitte Harouni