La vie rêvée : un horaire désencombré!
Les hommes vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir
et meurent comme si ils n’avaient jamais vécu.
Dalaï Lama
Le cadran vient de sonner. Je sors du lit, tout endormi. Je me dirige vers la douche et tourne les robinets les yeux à moitié fermés. Par la fenêtre de la salle de bain, le soleil commence à s’étirer.
Après quelques minutes sous la douche, je me sens plus réveillé. Déjà l’horaire de la journée défile dans ma tête. Ne pas oublier les lunchs. Partir une brassée de lavage. Vider le lave-vaisselle. Pendant qu’une partie de mon cerveau entrevoit les tâches de la maison, une deuxième liste se met en place : celle de la journée qui m’attend au travail. Rendez-vous avec une telle. Présentation à un autre. Rédaction de ce document qui attend. Conception de ce nouveau projet. Répondre aux nombreux courriels qui se multiplient comme une épidémie. Ah oui! Et l’autre qui voulait que je passe le voir…
Devant cette accumulation, ma tête se remet à faire du coq-à-l’âne. Je passe du boulot au frigo en voyant la liste d’épicerie qui s’allonge. Ce qui fait penser que je devrais m’y arrêter en revenant de travailler. Mais, je réalise au même moment que c’est impossible : le plus jeune à son cours de karaté et je dois l’accompagner. J’avais d’ailleurs prévu, pendant ce cours, prendre le temps de passer à la boutique de musique juste à côté et acheter les partitions dont a besoin l’avant-dernière pour ses cours de piano. En y pensant, je me dis que j’aurai probablement le temps de passer à la pharmacie qui est juste à côté. Ce sera au moins cela de fait et j’aurai le temps de préparer le souper en revenant. Ce qui nous donnera du temps, puisque ma conjointe a une réunion qui finit très tard et que, de mon côté, j’ai une rencontre pour un comité du village en soirée.
Je finis de m’habiller et descend préparer les lunchs.
En arrivant dans la cuisine, j’ai la tête qui bourdonne de toutes ces obligations. Je sors les plats de l’armoire et commence à préparer les repas du midi. Pendant ce temps, ma conjointe me rejoint et démarre le café. En s’approchant de l’évier, elle remarque que le robinet fuit. En soupirant, je me dis qu’en revenant du cours de karaté, j’aurai certainement le temps de m’arrêter à la quincaillerie. Je passe devant!
Pendant que nous sommes à l’îlot, pour prendre le petit-déjeuner, les enfants arrivent et la plus vieille nous rappelle que c’est pédago aujourd’hui (ils iront au service de garde) et qu’il y a une rencontre de parents pour la remise de bulletins. Ma conjointe, l’air dépité, se rappelle alors qu’elle a pris rendez-vous avec l’enseignante sur son heure de dîner. Le sourire en coin, je lui dis : « Une chance que ce n’est pas toujours comme ça! »
Et pourtant! La journée suivante arrive avec son lot d’obligations et de courses contre la montre. C’est vrai, ce n’est pas toujours comme ça, c’est même un tantinet caricatural (à peine), mais le rythme est le même, le stress est le même.
Nos journées sont rarement faites de lenteur, de calme, de temps pour flâner. Rien à penser, rien d’obligé, sans attente. Tous nos temps sont planifiés! Comme si nous ne devions pas perdre une seconde! Et pourtant la vie nous file entre les doigts, alors que c’est précisément ce que nous voudrions éviter.
Mais, c’est cet effet de vitesse qui nous donne l’illusion du peu de temps. C’est l’accumulation d’obligations de toutes sortes qui nous entraîne dans ce « toujours plus vite ». Le temps, lui, ne change pas. Il est toujours le même. Alors que nous étions petits, il nous semblait une éternité. Devenu adulte, il nous a semblé raccourcir à chaque année. Pourtant, il n’a pas changé. Il s’écoule toujours au même rythme. C’est nous qui avons accéléré et engorgé nos horaires.
Qu’aurons-nous retenu de cette course folle? Notre vie est-elle réellement plus épanouie par cette agitation? Cessons de courir, de nous agiter, d’accumuler les obligations, les cours de ci ou de ça, et nous gagnerons un temps précieux, mais surtout un rapport différent aux événements, aux gens, à la vie en général. Devenons épicuriens de notre temps. Savourons-le. Pas au compte-goutte cependant. À la semaine longue! Dans notre monde de rapidité, qualité de temps est souvent devenu un moment coincé entre deux rendez-vous. Une séance de relaxation entre la course à l’épicerie et le souper à préparer. Devenir épicurien de son temps se pratique à chaque instant.
Le pèlerinage permet cette mise en perspective notre mode de vie. Il nous fait décrocher de cette course du rat et nous fait réaliser combien nos journées sont engorgées d’inutilités. Il permet de réaliser combien nous avons besoin de peu de choses pour être heureux. Que la qualité de nos vies ne réside pas dans l’accumulation, la performance et la compétitivité. Le pèlerinage permet cet éveil de la conscience.
Éric Laliberté
Thank you, Éric, for this reflection! How true your depiction of our ‘rat-race’ lives. As we ready to enter Holy Week, this is a beautiful time to consider again what is important. May you, Brigitte and your family be blessed!
Peace,
Michelle
Thank you Michelle! It’s always a pleasure to read you.
By the way, we are working on the english version of Bottes et Vélo. We already registred the name: Boots’n Bike.
We’ll do our best to keep it as good as we are trying to do it in french.:-)
May this Holy Week be a refreshing moment for all of us.
All goods
Éric