L’actualisation du pèlerinage, cette expérience plus que millénaire
« J’ai attendu tout l’après-midi et toute la soirée, dit l’Anglais. Il est arrivé au moment où apparaissaient les premières étoiles. Je lui ai dit ce que je cherchais. Et il m’a demandé si j’avais déjà transformé du plomb en or. J’ai répondu que c’était précisément ce que je souhaitais apprendre. Alors, il m’a dit d’essayer. Il ne m’a rien dit d’autre que ces mots : “Va essayer.’’ » Paolo Coelho, l’Alchimiste
Le pèlerinage d’aujourd’hui ne peut plus s’entendre comme l’expérience d’hier. La population n’a plus le même rapport au religieux et préfère, en général, parler d’une spiritualité du pèlerinage, d’un exercice qui permet l’introspection. Du même coup, au-delà de la démarche mystique, plusieurs se sentent appelés par l’activité physique et le défi qu’elle représente : la longue randonnée. Ceci, sans se douter qu’elle permet une expérience du spirituel qui, parfois, saisit sans qu’on ne le veuille : « Nous n’étions là que pour le sport, le voyage, l’exotisme et nous voilà soudainement bien plus loin que nous ne l’aurions imaginé. » Pourquoi en est-il ainsi? Que se passe-t-il donc sur ces routes de pèlerinage? Sur ces sentiers de longues randonnées? Quelle spiritualité peut bien porter le pèlerinage d’aujourd’hui?
Alors que les gros autocars continuent d’affluer vers basiliques, cathédrales et sanctuaires; un autre type de pèlerin a vu le jour au cours des 30 dernières années. Une race que l’on croyait disparue. Pour ce type de pèlerin, le pèlerinage a pris un sens qui semble renouer avec une tradition médiévale. Une démarche qui engage corps et âme, et qui demande du temps, car elle façonne lentement. Un exercice qui, en quelque sorte, invite à se colletailler à soi-même; voilà à quoi peut ressembler le pèlerinage d’aujourd’hui. De cet affrontement, de ce moi qui vole en éclat, naîtra un regard différent, un souffle nouveau : comme lorsque l’on remonte à la surface après être resté longtemps sous l’eau… Ou encore ce moment précis dans l’épreuve physique, ce moment où l’on croit que l’on ne pourra pas y arriver; et qui, soudainement, nous voit basculer et puiser dans ce que nous appelons « le second souffle ». Un souffle bien plus puissant. C’est dans ce souffle qu’est le lien avec le spirituel : « Spiritus ». C’est là, l’origine latine, le sens premier de spirituel : le souffle, ce qui nous anime. Et si sur ces chemins de pèlerinage on y trouvait ce souffle nouveau? Celui qui nous permet de sortir la tête de sous l’eau, d’éprouver une énergie nouvelle face aux contraintes et au rythme de notre époque? Un souffle qui nous amène à envisager la vie d’un autre œil, hors de notre culture de performance et de compétition. Une culture où tout va vite, se consomme et se consume, même les relations…
Dans cette aventure, Bottes et Vélo n’a pas de recettes à vous offrir. Nous aborderons le pèlerinage simplement, avec toutes les promesses de vie qu’il contient, sous toutes ces facettes, et dans le but de vous aider à faire en sorte que l’expérience soit porteuse de nombreux fruits. Nous aborderons les questions techniques mais, inévitablement, chacune de celles-ci ramène à une question métaphysique. L’image du sac à dos est sans doute la plus criante en termes de métaphysique… Nous vous ferons également découvrir les magnifiques chemins de pèlerinage que nous avons, ici, en Amérique. Nous vous partagerons nos expériences. Vous pourrez nous suivre, alors que nous serons à établir de nouvelles routes. Nous vous ferons des recommandations de lectures. Nous parlerons d’équipements, de budget, de la vie sur le chemin. Et, encore là, tous ces sujets nous amèneront à interroger nos habitudes de vie.
Nous croyons que le pèlerinage est un remède possible à notre époque. Il nous travaille comme l’Alchimiste de Paolo Coelho le faisait pour son Grand Œuvre. Le travail de l’Alchimiste demande un engagement, du temps, des efforts. À travers sa quête, c’est lui-même qu’il façonne en définitive.
La flamme du pèlerinage est semblable à celle du four de l’Alchimiste. Elle nous mène de souffrances en guérisons; d’aveuglements en révélations; de servitudes en libérations; pour y découvrir, au final, quelqu’un qui ne s’en tire pas trop mal, … et qu’on aime bien.