Philosophie

Le pèlerinage est dépassement, dépouillement et persistance.
Le pèlerinage est présence : présence à soi, présence à l’autre, présence à l’instant.
Le pèlerinage est d’abord un temps avant d’être un lieu.
Bottes et Vélo

Tous ceux qui ont fait de longs pèlerinages vous le diront : entreprendre ce chemin, c’est entreprendre un chemin qui mène vers soi. Et cette rencontre avec soi-même ouvre presque inévitablement sur notre dimension spirituelle. Socrate disait : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras les dieux et l’univers. » Bon nombre de philosophes et de théologiens ont sondé la profondeur de ces paroles. St-Augustin est l’un de ceux qui s’est laissé habiter par ce précepte. Une voie qu’il identifie comme allant de la rencontre de soi, à la rencontre de l’âme, laquelle mène à la rencontre de Dieu : ‘’loin des illusions de ce monde’’. Un chemin qu’il nous est souvent difficile d’emprunter; trop absorbé par ces illusions, l’agitation de notre époque. Et c’est peut-être la raison pour laquelle pèlerin signifie : « Celui qui marche en pays étranger ». On ne se connaît pas assez ou peut-être manquons-nous de sincérité envers nous-mêmes…

Le pèlerinage ne laisse pas de place aux illusions, il fait tomber les masques et les barrières.

Compostelle

Sur le chemin, le corps et l’esprit du voyageur sont en mouvement.  Un mouvement qui sollicite tous ses sens, toute son attention, l’installant dans le moment présent. Qu’il soit à pied, à cheval ou à vélo, au fil des jours et des rencontres,  il traversera plusieurs gammes d’émotions et de transformations. Défait de ses préoccupations quotidiennes, l’esprit n’est plus étourdi par les trépidations de tous les jours. Le pèlerin, après un certain temps, parvient à entrer en lui-même.

Bien que le pèlerinage se veuille un voyage fait par un croyant vers un lieu de dévotion, nous avons pu constater que, de nos jours, bon nombre de pèlerins en ont fait une démarche de ressourcement et de libération personnelle.  Ainsi, chacun aborde le chemin pour des motifs qui lui sont propres. Et derrière ces motifs, il y a le désir de s’apprivoiser davantage, de mieux se comprendre. Nous en arrivons à la conclusion que  la destination, le lieu, importe peu. L’essentiel réside dans ce mouvement, cette expérience physique et psychique que nous fera vivre ce long voyage : cette rencontre avec nous-mêmes.

Bottes et Vélo n’aborde donc pas le pèlerinage comme lieu, mais comme expérience qui s’inscrit dans le temps. Le pèlerinage est question de durée. Il s’agit d’une expérience mystique qui ne peut être vécue en condensé. Le pèlerinage est un temps pour aller vers ce lieu sacré en soi, à la rencontre de soi. Un temps qui ouvre les portes de notre spiritualité.

Image descriptionNotre parcours personnel, et notre enquête auprès de plusieurs pèlerins, nous ont permis de développer une approche du pèlerinage qui balise bien humblement celui-ci; et nous permet d’en tirer une certaine compréhension. En ce sens, la prière de La Faba est sans aucun doute un texte fondateur de la démarche que nous vous proposons. (Pour lire le texte de la prière de La Faba, cliquez sur le lien plus haut.) Ce texte permet une lecture spirituelle actualisée du pèlerinage tout en gardant le sens premier du mot religieux, c’est-à-dire « religare » : ce qui nous relit. Ce qui nous relit les uns aux autres, au tout, au vivant, au divin. CompostelleUne spiritualité actualisée ne peut faire fi de cette dimension : le pèlerinage est relationnel. Une bonne part de notre apprentissage à nous connaître passe par cette voie : nous nous apprenons en relation. La prière de La Faba nous enseigne un rapport différent aux objets, aux gens, au temps, à soi; mais surtout elle nous enseigne que le pèlerinage ne mène nulle part s’il ne nous transforme pas, s’il ne transforme pas notre quotidien. Elle nous ramène à l’état d’esprit dans lequel nous plonge le pèlerinage et nous met face à la difficulté à laquelle nous sommes confrontés au retour : comment garder cette expérience vivante au quotidien?

Répondre à cette question est la contribution principale que Bottes et Vélo aimerait apporter au développement du pèlerinage en Amérique du Nord. Une contribution qui se résume à travers sa mission : promouvoir le pèlerinage, en valoriser les bienfaits et accompagner le pèlerin dans l’intégration de cette expérience.

Mais qu’est-ce qui caractérise un pèlerinage? À notre avis, quatre éléments caractérisent le pèlerinage : l’engagement, l’effort physique soutenu, une démarche de longue durée et l’introspection. L’engagement est l’étincelle de départ. Il est à la base des trois autres puisque ceux-ci n’adviendraient pas s’il n’y avait pas d’abord engagement. Dans cet optique, nous avons développé une approche qui aborde le pèlerinage dans toutes les dimensions de notre humanité: physique, psychique et spirituelle. L’accompagnement que nous offrons est bâti selon cette orientation.

CompostelleLors de nos pèlerinages, nous avons remarqué que la conscience attentive à son propre corps faisait souvent défaut. Qu’on allait même jusqu’à nier le ressenti de celui-ci, ou encore l’anesthésier sous les anti-douleurs pour qu’il ne soit pas un frein. Le pèlerinage est balisé de signes qui guident notre route. Notre corps nous envoie des signes pour nous ajuster et établir le bon rythme. Il est primordial d’y être attentif: il est le véhicule de notre accomplissement.

La dimension psychique est à l’image de notre sac à dos; trop souvent encombré par des rigidités, de fausses croyances qui nous empêchent d’avancer. Nous devons apprendre à le libérer de ses fardeaux inutiles, élargir l’horizon de notre conscience.

Le pèlerinage est une entreprise physique, mue par l’esprit. La dimension spirituelle de l’expérience pèlerine nous amène à questionner le sens de notre vie. Elle nous permet d’observer notre quotidien avec du recul et d’en constater le bon comme le moins bon. Se faire attentif à cette dimension permet de saisir toute la subtilité du bon goût de la vie.

Enfin, le rapport que nous entretenons avec le temps est déterminant dans cette aventure. Il est nécessaire de se le réapproprier. C’est pourquoi nous recommandons un minimum de 12 jours de pèlerinage, idéalement 21 jours, pour que l’expérience puisse être bien intégrée. Un tel temps d’arrêt permettra une véritable entrée dans l’expérience spirituelle du pèlerinage et d’en approfondir les bienfaits.

Vivre ainsi le pèlerinage met en évidence l’encombrement matériel et psychologique de notre être en contexte nord-américain. Il permet d’expérimenter des alternatives de vie à notre culture de consommation. Il ouvre notre regard sur un autrement possible, sur un espace où la Vie redevient le centre de nos préoccupations, où la fraternité prend du sens. Le chemin de pèlerinage transforme les gens qui y circulent et touche les villages qu’il traverse. Tout le monde en est transformé!