Instinct de vie
Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour faire tout bouger.
Julien Gracq
Tout autour de moi est changement. Le jour, la nuit. Les marées, les saisons. Je regarde passer avec nostalgie les dernières formations d’oies blanches dans le ciel. Guidées par leur instinct, elles voguent vers un lieu qui leur sera plus favorable. Comme elles, je me sens constamment appelée à partir. Non pas partir vers un ailleurs, mais bien plutôt partir pour un autrement. Un autre qui me corresponde davantage.
Du papillon à l’éléphant en passant par les plantes, tout être vivant vit en éternel migrant. Ce qui le pousse à se déplacer? La quête d’un espace plus épanouissant. La recherche d’une vie mieux adaptée à ses besoins du moment. Je fais partie de cette nature en mouvement.
Tout en moi est changement. La santé, le physique. Les connaissances, les compétences. Que je le veuille ou non, que je le perçoive ou pas, je baigne dans un univers d’éphémérités. Le temps me façonne et me transforme malgré moi! Je ne suis jamais la même. Je n’ai plus les mêmes besoins, ni les mêmes désirs. Quelle utopie que de croire que le bien-être trouvé aujourd’hui sera encore tout aussi savoureux dans l’avenir! Comme le pèlerin, je fais confiance à ma route. Je savoure ce qui m’est offert maintenant acceptant qu’il y aura autre chose plus tard, ne sachant ce que ce sera.
Je suis cette goutte d’eau dans le torrent de la vie. Rester sur place est impossible, invivable, voire même souffrant. À ramer contre le courant, je m’épuiserais. À subir l’inévitable du changement, je serais submergée. Je me noierais dans l’absurdité d’une vie incongruente. La pèlerine en moi vit avec le changement. Elle le désire. Elle a appris à naviguer dans cette impermanence des choses qui l’entourent, à l’écoute de ce qui donnerait plus de vie à sa vie. C’est elle qui m’accompagne dans tous ces petits deuils d’un passé révolu, et m’ouvre avec confiance aux possibles d’un avenir meilleur.
Avez-vous déjà observé cette fleur qui s’étire pour recevoir plus de soleil? Cet arbre dont les racines percent le roc? Comme cet oiseau qui décide de casser sa coquille, tout changement prend son sens dans le désir d’une vie riche et nourrissante, dans l’aspiration à un terreau plus fertile. De cette promesse nait le mouvement et la détermination qui permettra de traverser les écueils et les turbulences du voyage.
Je suis nomade dans l’âme. Je ne reste pas dans l’insatisfaction. Je m’arrête. J’écoute. Puis, je migre. Parfois la route sera longue et accidentée avant la prochaine escale. Parfois elle sera douce et facile à suivre. Mais peu m’importe, car je sais que je me mets en marche vers toujours un peu mieux pour la nouvelle personne que je suis devenue. Je quitte sans regrets, gardant un sentiment agréable de ce passé, consciente qu’un meilleur m’attend plus loin. Je recherche cet équilibre intérieur qui a bon goût. Et c’est la sensation de déséquilibre qui m’indique que le temps est venu pour moi de me mettre en chemin. Tout est une question d’oreille interne!
Brigitte Harouni
Quelle belle façon d’amener notre voyage intérieur! J’aime particulièrement « la sensation de déséquilibre qui indique que le temps est venu de nous mettre en chemin ». Merci Brigitte pour ce beau texte!
Très bon texte pour la méditation, simple et véritable! 🤔
Un texte qui arrive au bon moment, juste comme je ressens le déséquilibre… des mots qui me parlent.
Merci beaucoup Brigitte
Merci Brigitte pour ce texte très inspirant qui amène la réflexion. Vivre ce que je vis dans le moment sans vouloir le retenir. Me mettre à l’écoute de mes déséquilibres qui ont une parole à me dire.
Merci Brigitte pour ce beau texte qui tombe au bon moment dans mes réflexions actuelles. J’ai l’impression d’être au diapason avec toi. Merci!