Juin: La librairie du pèlerin vous propose trois titres
Chaque mois, Bottes et Vélo vous propose trois titres que nous avons sélectionnés afin d’alimenter votre réflexion sur le pèlerinage de longue randonnée. Ces livres se veulent des outils permettant de contribuer graduellement à l’intégration du pèlerinage dans nos vies. Exercice d’un mode de vie sain, le pèlerinage est un art de vivre qui tient compte des multiples facettes de notre humanité.
Voici donc les titres que nous avons retenus pour vous ce mois-ci:
L’homme qui marche – Jean Béliveau
Après la faillite de son entreprise d’enseignes lumineuses, Jean Béliveau est parti sur un coup de tête le jour de ses quarante-cinq ans, le 18 août 2000, de Montréal. Il est rentré chez lui le 16 octobre 2011 après avoir parcouru 75 543 km à travers 64 pays. Il a réussi sans préparation à effectuer la plus longue marche ininterrompue autour du monde et celle-ci a été reconnue par l’Unesco dans le cadre de la décennie internationale dédiée à la paix pour les enfants. Durant ces onze années, le marcheur porte turban et grande barbe au Soudan, mange des insectes en Afrique, du chien en Corée et du serpent en Chine. Il dort sous les ponts, dans des foyers pour sans-abri, voire dans des prisons, mais la plupart du temps chez des gens séduits par son aventure. Ce livre dévoile la belle histoire d’un homme qui a transformé sa vie en une véritable odyssée. Ses nombreux fans ont pu le suivre sur le site Internet que sa compagne Luce a animé pour le soutenir et pourront simultanément le découvrir sur le marché européen. D’autres traductions internationales sont aussi sur la table. Son périple a fait l’objet d’un documentaire, Des ailes aux talons. Depuis son retour, Jean Béliveau donne des conférences et rencontre les jeunes dans les écoles. Il est aussi ambassadeur de Trottibus, un projet de la Société canadienne du cancer.
La marche qui soigne – Jacques-Alain Lachant
Une grande partie de nos douleurs et de nos problèmes corporels vient de ce que nous ne savons plus marcher ni nous « tenir » (Giacometti en est l’exemple le plus tragique). Ce livre montre, exemples et témoignages à l’appui, ce qu’une « marche portante », dont l’enseignement n’est pas difficile, peut apporter comme bénéfices : outre la disparition des douleurs et handicaps, une présence à soi, à l’espace, aux autres; du tonus, de la légèreté, le plaisir de se sentir vivant, de découvrir une manière différente de sentir son propre corps.La marche, ça s’apprend, et parfois même dans le ventre de sa mère!
Marcher. Ou l’art de mener une vie déréglée et poétique – Tomas Espedal
Dans ce récit contemplatif et ciselé, le lecteur est invité à accompagner un flâneur infatigable dans son voyage solitaire à travers la Norvège. Sans obligations ni feuille de route imposée, celui-ci se laisse guider par l’envie et le rythme de ses pas. Il n’y a pas de ligne d’arrivée car pour lui, l’expérience de la marche constitue une fin en soi. Sa promenade improvisée le conduit au pays de Galles, à Paris, à Istanbul avant de l’entraîner vers les montagnes de la Transylvanie… Un voyage géographique autant qu’un voyage à travers l’histoire de la marche, discipline romantique fondée par William et Dorothy Wordsworth à la fin du XVIIIe siècle. Pour eux comme pour ce nomade, la marche ne se résume pas à une simple nécessité pragmatique. Tout au long de son escapade physique et mentale, notre narrateur itinérant émaille son récit des réflexions de nombreux écrivains qui ont eu recours à la marche comme à un instrument philosophique – et qui ont expérimenté son effet salutaire sur la pensée : Voltaire, Rousseau, Hölderlin, Kierkegaard, Walt Whitman, D. H. Lawrence, Wittgenstein, Heidegger, Sartre, Thomas Bernhard, Bruce Chatwin… Dans le récit de son errance, Tomas Espedal, tout en délicatesse et en sobriété, fait preuve d’une maîtrise remarquable. Presque imperceptiblement, nous nous retrouvons dans le sac à dos du voyageur, laissant derrière nous nos téléphones portables et nos écrans plats. Et là, à l’abri des interférences habituelles, nos sens semblent s’éveiller et le paysage s’ouvrir devant nous. La lecture devient une expérience physique pour le lecteur, qui est littéralement porté par le rythme de la marche et le souffle de plus en plus ample et régulier qui anime le récit. Comme dans les précédents romans de l’auteur, la narration navigue harmonieusement entre le passé et le présent, entre le matériel et l’immatériel, entre l’individu et le monde… Marcher. Ou l’art de mener une vie déréglée et poétique est un roman dénué d’artifice, une quête des plaisirs simples – marcher, voir, sentir, penser, être, raconter… Véritable hymne à la lenteur, ce grand moment de lecture a consacré Tomas Espedal comme une des voix incontournables de la scène littéraire norvégienne contemporaine.